Le nouvel état d'esprit des Bleus plaît bien à Elvis Vermeulen qui se fait une joie de porter à nouveau le maillot tricolore face à l'Ecosse, dimanche. Le troisième ligne compare le jeu voulu par le staff du XV de France, à celui de Clermont.
Comment vivez-vous ce retour en équipe de France?
Elvis Vermeulen: Ça fait du bien, surtout après ce passage à l'infirmerie (suite à une hernie discale, Vermeulen a été arrêté trois mois en juin dernier, ndlr)... Déjà, retrouver les terrains, c'était énorme pour moi. Alors là, ce n'est que du positif. J'en profite vraiment car j'aurais pu arrêter le rugby. Etre bien avec mon club et jouer pour mon pays, ce n'est que du bonheur.
Vous avez l'impression de revenir de loin?
E.V: Oui, car j'ai pris un coup sur la tête avec cette blessure. Je me demandais comment ça se passerait après l'opération... Mais bon, je suis tombé sur un bon chirurgien. La rééducation s'est bien passée et sur le terrain, les sensations sont vite revenues.
Après deux matchs l'an dernier (Ecosse et pays de Galles), vous allez découvrir pleinement le Tournoi. Qu'est ce que cela représente pour vous?
E.V: C'est beau! On joue les meilleures nations d'Europe, ça va vite... Et puis ce n'est pas comme une tournée où on joue la même équipe deux, trois fois et on s'en va au bout de quinze jours. Là, ça dure six semaines... Jouer les cinq matchs? Je n'y pense pas. Je me focalise d'abord sur l'Ecosse pour faire un match plein. Après, on verra...
Aviez-vous ressenti de la frustration après l'édition 2007?
E.V: C'est vrai que j'étais dans le groupe de préparation puis je m'étais blessé avant de revenir. C'est bien d'être dans les 40 mais c'est quand même mieux d'être dans la position de titulaire. J'espère que j'aurais autant de réussite contre l'Ecosse que l'an dernier (entré à la 78e minute, il avait marqué à la 80e l'essai qui offrait le Tournoi à la France, ndlr).
Qu'est ce qui a changé à Marcoussis?
E.V: Le staff déjà (rires) ! C'est déjà pas mal... Et puis l'état d'esprit n'est pas le même. C'est accentué sur l'attaque, le libre-arbitre des joueurs. Après, si on prend une mauvaise décision, il faut que toute l'équipe oeuvre pour la réparer. On a plus de libertés sur le terrain...
Le mot plaisir est sur toutes les lèvres depuis le début de la semaine. C'était interdit sous l'ère Laporte?
E.V: Non, ce n'est pas exactement ça. Avec Bernard, le jeu était beaucoup plus structuré. Aujourd'hui, ça l'est encore mais avec plus de libertés pour les joueurs. Prendre du plaisir en jouant un deux contre un, l'ouvreur qui prend une décision, ça permet de plus s'éclater... Et puis derrière, on sait qu'il y aura du soutien, donc c'est une approche intéressante. C'est un peu moins... carré !
Sous la pluie de Murrayfield, ça sera risqué, difficile à développer...
E.V: On a quand même des bases de jeu structurées et pas non plus fermées. Et puis, on peut compter sur un pack solide. Les Ecossais ne sont pas franchement denses, plutôt très longilignes. Il faudra les marteler devant pour les fatiguer et imposer notre jeu.
Il y a quand même beaucoup de "novices" dans ce pack avec Brugnaut, Faure, Jacquet, Ouedraogo...
E.V: Ils sont certes inexpérimentés au niveau international mais ils ont des références... Faure partage son temps avec Sheridan, champion du monde, à Sale, Brugnaut est un peu jeune mais il a une telle densité physique qu'il pourra apporter énormément. Jacquet est champion du monde des - 21 ans et a joué en Coupe d'Europe,... Quant à Nallet, Servat et Swarzewski, ce ne sont pas les premiers venus...
Pour les automatismes en 3e ligne, auriez-vous préféré jouer avec Julien Bonnaire?
E.V: Oui mais Julien peut pour couvrir l'aile et le centre en rentrant. Il apportera son expérience. C'est un défenseur solide, très bon dans les combats au sol et dans les airs. C'est un joueur complet et intéressant pour une seconde période. Avec Fulgence (Ouedraogo), on parle beaucoup pour créer ces automatismes.
Sans Bonnaire, allez-vous avoir un rôle à jouer en touche?
E.V: On verra... Il y a deux ou trois combinaisons où je peux sauter. C'est assez libre aussi de ce côté-là... même si sauter en touche n'est pas mon fort!
Après quatre jours d'entraînement, trouvez-vous des similitudes avec Clermont?
E.V: (Il réfléchit) Oui, il y en a. Beaucoup plus qu'avant. Vern Cotter a le même état d'esprit que le staff ici. Il veut de la simplicité et du libre-arbitre de la part du joueur. Même dans le fond de jeu, il y a des ressemblances.
On sent que Lièvremont, N'Tamack et Retière fonctionnent vraiment ensemble. Avez-vous également l'impression d'avoir trois interlocuteurs, contrairement à avant?
E.V: Exactement, il n'y en a pas un qui se met plus en avant que l'autre. On peut échanger, ils sont très ouverts et ce n'est pas déstabilisant. Sur le jeu global, on sent évidemment que Marc est le patron mais Didier et Emile en parle aussi. Ce n'est pas fermé. Ils se complètent.
Rugbyrama - Propos recueillis par Philippe Da Costa