A quelques jours, à quelques heures de son premier France - Angleterre en tant que sélectionneur de l'équipe de France, Marc Lièvremont dévoile ses assurances et ses doutes avant le choc de samedi au Stade de France.
Comment avez-vous digéré avec vos joueurs « l'inquiétante victoire » face Irlande ?
Rien ne remplace la réalité du terrain. On a beaucoup échangé avec les joueurs. On leur a montré, images à l'appui, qu'on s'était trompé dans notre façon d'aborder le match. On leur a prouvé qu'on avait beaucoup moins entrepris et on s'est fragilisé en fin de match parce qu'on avait laissé l'initiative du jeu aux Irlandais. De manière générale, les équipes anglo-saxonnes maîtrisent très bien la possession du ballon et sont plus denses que nous. Même si on a eu l'impression de maîtriser collectivement les Irlandais en défense et de les contrer quand on le voulait, on avait reculé en terme d'intentions de jeu. Je crois que les joueurs en sont persuadés. Reste à l'appliquer sur le terrain.
Comment s'est déroulée cette semaine, encore marquée par les forfaits (Elissalde, Brugnaut, Millo-Chluski, Poitrenaud) ?
Le début de semaine a été compliqué. On était sous le choc de la blessure de Clément Poitrenaud (samedi, NDLR) qui nous a rappelé d'autres souvenirs assez récents et notamment la blessure de Florian Fritz. Il y a eu aussi la grosse déception avec la blessure de Romain Millo-Chluski. C'est un garçon qui avait fait beaucoup d'efforts et qu'on voulait voir. Ca nous a donné l'occasion d'intégrer des garçons comme Pascal Papé ou Jérôme Thion, qui se sont parfaitement fondus dans le collectif.
N'est-ce pas dangereux de titulariser Morgan Parra face aux expérimentés Anglais ?
Il sait faire preuve d'autorité, de maîtrise dans le jeu et d'une maturité étonnante. Quand je vois son culot, son enthousiasme, c'est même assez émouvant. On le voit vraiment comme un chef d'orchestre parfaitement dans son rôle. Un rapport affectif s'est créé entre le demi de mêlée et ses avants, lié à la jeunesse de Morgan (19 ans, NDLR). C'est intéressant dans la construction du groupe. Au delà du jeu, il y a une aventure humaine qui commence à prendre forme. Cela fait partie intégrante du rugby.
Avec un peu plus de recul, qu'en est-il de votre projet de jeu ?
On est content de ce qu'on a vu et on se construit progressivement au gré des matches et des entraînements. L'heure des bilans viendra peut-être en fin de Tournoi. On n'a pas non plus l'impression de tenter des expérimentations où de jouer les apprentis-sorciers. Le temps est l'argument majeur de notre préparation et de nos choix, de nos convictions sur la gestion du groupe et sur le jeu. Je dis bien convictions et pas certitudes car on assume de pouvoir se tromper, y compris sur le choix des joueurs. Pour l'instant, on est content du comportement des hommes.
Quid de votre nouvelle fonction de sélectionneur.
Je suis un peu idéaliste mais aussi assez pragmatique. Je ne suis pas surpris, si ce n'est agréablement. Notre entente avec Didier (Retière) et Emile (Ntamack), la façon dont les dirigeants nous ont laissé choisir notre fonctionnement, nos joueurs, et la qualité des matches: pour l'instant, on est ravi.
RugbyHebdo-Avec l'AFP