Depuis plusieurs matches, Napolioni Nalaga crée la sensation. Puissant, rapide, scoreur, il présente des qualités hors norme. Portrait de ce joueur au parcours surprenant et qui dispute samedi à Montpellier son septième match avec le groupe pro.
« Je ne sais pas pourquoi mes parents m’ont appelé Napolioni. Mais maintenant que je suis en France, je sais qui était Napoléon ». Napolioni Nalaga, « Napo », « Nap’s » voire « Bonaparte » pour ses coéquipiers est devenu, en quelques semaines, l’empereur du raffut et de l’efficacité offensive : en quatre matches, six essais dont deux de près de cent mètres ! A l’aile de l’attaque jaune et bleu il a fait un malheur !
Globe-trotter
Pourtant, c’est au centre de la ligne des Fidji que l’ASM Clermont Auvergne l’avait découvert lors du championnat du monde des moins de 21 ans organisé en Auvergne en juin 2006. Mieux, il a même débuté le rugby au poste de troisième ligne, à Singatoka, sur les îles Fidji dont il est originaire… « Je préfère tout de même évoluer à l’aile : les coéquipiers me passent le ballon et je n’ai plus qu’à foncer », avoue-t-il hilare.
Il faut dire que le garçon à de qui tenir : son père n’est autre que l’ailier Kavekini Nalaga qui disputa la Coupe du Monde de rugby 1987 avec les Fidji qui furent battues par la France en quart de finale. D’ailleurs, Napolioni a toujours suivi les conseils de celui-ci. Ainsi, des Fidji est-il parti en Nouvelle-Zélande (université d’Auckland), puis en Australie (intégré à l’effectif pro de Sydney) pour opter en janvier 2007 pour la France. Une décision prise en famille et qui l’a donc conduit à Clermont d’abord pour une période d’essai. « Nous l’avions repéré au championnat du monde des moins de 21 ans, et nous connaissions son potentiel, raconte Jean-Marc Lhermet, mais nous voulions le tester physiquement, techniquement et mentalement. Rapidement nous lui avons fait signer un contrat jusqu’en 2010 ».
La première apparition en Top 14 fut pour le moins douloureuse : en mai 2007, dernière action du match à Brive, Napolioni se vrille le genou… verdict : cinq mois d’arrêt ! Un coup dur pour la « trouvaille » jaune et bleu, mais tout autant que ses apparitions sur le terrain, sa vitesse de récupération a été incroyable : « Physiquement, Napo est déjà hors norme. Quant au délai de retour après une telle entorse, je pense que c’est du jamais vu », s’étonne encore Jean-Marc Lhermet.
La force de Dieu
Une sorte de miracle accompli par le staff médical du club, qui amène forcément au très fort rapport que Napolioni entretient avec Dieu. On l’a vu à chaque essai inscrit pointer un doigt vers le ciel : « C’est Dieu qui me donne la force. Lorsque je marque, je le remercie ». D’ailleurs, auprès de Vilimoni Delasau et Sereamaia Baï, les deux autres fidjiens de l’ASM Clermont Auvergne, il ne manque pas d’organiser à la maison le service dominical : « D’autres amis fidjiens, qui jouent dans des petits clubs pas très loin, comme à Roanne ou à Saint-Etienne, nous rejoignent dès que le calendrier sportif le permet. Nous entonnons des chants gospel et nous prions. C’est une façon de nous retrouver ensemble et de vivre notre religion ».
Très loin de son île, Nap’s a donc trouvé des repères. « Je suis très bien ici, même si il n’y a pas la mer », dit-il avec un large sourire qui ne le quitte jamais. Jovial, optimiste, il est comme ça Napo. « De toutes façons, je ne suis jamais malheureux ».
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