ITW Vern Cotter

Avant le duel au sommet entre les deux premiers du Championnat, Clermont et Toulouse, qui s'affrontent samedi (15h00) pour le compte de la 18e journée, l'entraîneur de l'actuel leader auvergnat du Top 14 Vern Cotter prévient : «on va se mesurer à ce qui se fait de mieux en Europe». Entretien avec le coach néo-zélandais.

«Vern Cotter, après 8 victoires consécutives, vous voilà seul en tête du Top 14 avant ce choc au sommet à Toulouse...

Oui, ce sera un gros match et j'espère que l'on pourra jouer avec un terrain et un ballon secs pour pouvoir mettre un peu de volume au jeu. Mais les Toulousains ne prennent jamais un match à la légère, et même s'ils jouent une demi-finale de Coupe d'Europe la semaine prochaine, on s'attend à une grosse préparation de leur part, une rencontre engagée avec beaucoup de mouvement. Et puis c'est chez eux, au Stadium. Presque tout a été dit, à nous d'être prêts.

Les deux équipes semblent décidées à ne pas galvauder ce sommet du Top 14...

Il faut attendre les dernières minutes avant la rencontre pour savoir, mais c'est évidemment le premier contre le deuxième et nous souhaitons conserver cette première place. Alors pour cela, il faut s'imposer à Toulouse, ce qui n'est jamais facile, on fera de notre mieux et on verra bien. Mais c'est une équipe vraiment très forte, on les connaît, avec des joueurs capables d'être dangereux à tous les endroits du terrain, ils sont très forts en conquête, c'est actuellement la meilleure équipe en Europe, ce sera difficile, ils n'ont pas de défaut, mais c'est un beau challenge.

La saison dernière, ils vous avaient battus (7-24) au Stadium, puis vous aviez gagné (20-15) en demi-finale à Marseille. Ce scénario vous conviendrait-il cette année encore ?

Ah oui, bien sûr, tout le monde voudrait signer pour ça, mais s'il y a un troisième match ce serait une autre histoire, on l'abordera différemment. En attendant, on va se mesurer à ce qui se fait de mieux en Europe.

Symboliquement, le résultat de ce match n'est pas tout à fait anodin...

L'enjeu, c'est vraiment de se tester, voir où nous en sommes. On a fait quelques matches assez bien réussis jusqu'à maintenant mais on va savoir ce dont nous sommes capables dans un contexte un peu hostile, à l'extérieur, devant près de 36.000 supporters toulousains. On verra si on est capable de résister à une telle pression.

En quoi pensez-vous que votre équipe est plus forte que la saison dernière?

C'est difficile à dire, on a conscience que ce que nous avons fait l'an dernier n'était pas suffisant. Il faut travailler encore sur les domaines importants, l'attaque, la défense. Ca peut encore changer, mais nous avons la troisième défense du championnat alors que nous n'étions que 7e l'an dernier. Alors si l'on regarde purement les statistiques, on est peut-être mieux défensivement, mais comme je le dis, ça peut vite changer.

Vous marquez beaucoup d'essais grâce notamment à des joueurs hors normes comme le Fidjien Nalaga. Offensivement, ce n'est pas mal non plus ?

Oui, Napo fait de très bon matches, on est très content et c'est largement grâce à lui, à Delasau, et à quelques autres comme Benoît Baby qui revient très en forme, que nous avons pu traverser la période du Tournoi sans encombre. C'est bien qu'il y ait des joueurs comme ça».

(AFP)L'Equipe.fr

Nouvel épouvantail du Top 14, Clermont refuse de fanfaronner à l'heure de se déplacer à Toulouse, à l'image de son entraineur, Vern Cotter.

Toute la semaine, chaque camp s'est attaché à louer les qualités, immenses, de son adversaire. Un échange d'amabilités destinée surtout à renvoyer la pression sur l'autre. Ainsi, pour Guy Novès, "Clermont est l'équipe qui domine le championnat." Mais Vern Cotter n'est pas en reste. "Toulouse, c'est ce qui se fait de mieux en Europe", assure le technicien néo-zélandais dans Midi Olympique, vendredi. Quitte à pousser le bouchon un peu loin, il ne voit même aucune faiblesse au Stade.

Au-delà du respect, réel et sincère, qu'il porte à son hôte du jour, Cotter ne peut pourtant ignorer que c'est bien son équipe, aujourd'hui, qui terrorise le Top 14. Plus encore que les Toulousains. Avec huit victoires consécutives dont sept avec le bonus offensif, l'ASM dévaste tout sur son passage. Elle a atteint une forme de plénitude dans le jeu, et son entraineur n'y est pas étranger. "Il n'y a pas de secret, ni de recette unique. Il y a du travail et un surplus de confiance", estime l'ancien entraineur adjoint des Crusaders.

"Samedi, nous saurons ce que nous avons dans le ventre"

Vern Cotter n'est pas un sorcier. Il sait simplement où il veut aller. Et comment. 18 mois après son arrivée, son équipe joue sans doute comme il rêvait de la voir jouer. Elle lui ressemble. "J'ai toujours appréhendé le rugby pour ce qu'il est à l'origine: un jeu de mouvement", avoue-t-il. Revenu au premier plan l'an dernier, Clermont n'est passé qu'à trois minutes de son premier Brennus après avoir enlevé le Challenge européen. Pourtant, les Jaunards gardaient à l'évidence une réelle marge de progression. 10 mois plus tard, ils tournent véritablement à plein régime.

D'ailleurs, Cotter est convaincu que la cuvée 2008 est sensiblement supérieure à sa devancière. "On a conscience que ce que nous avons fait l'an dernier n'était pas suffisant. L'équipe maitrise désormais toutes les facettes du projet de jeu, estime le coach clermontois. Elle a aussi été renforcée par plusieurs éléments intéressants. Joubert nous a apporté un plus au centre du terrain, Bonnaire en touche et Smit en mêlée fermée. " Il insiste également sur les progrès accomplis dans le jeu sans ballon, même si cela saute moins aux yeux du grand public. " Nous avons la troisième défense du championnat alors que nous n'étions que 7e l'an dernier..."

Quoi de mieux pour cette formidable armada qu'un déplacement à Toulouse pour s'étalonner? Une victoire au Stadium samedi ne garantirait rien en vue de la fin de saison, mais elle marquerait les esprits et installerait définitivement Clermont dans le costume du grand favori pour le titre. Visiblement, l'ASM a envie de savoir. Savoir si ce qu'elle produit depuis trois mois peut s'appliquer face à la référence rouge et noire. Comme si tout le reste, ces raclées collées à Montpellier, Albi, Bourgoin ou tant d'autres ne suffisaient pas à se jauger pleinement. Alors Cotter attend l'échéance, non sans impatience: "Samedi soir, nous saurons vraiment ce que nous aurons dans le ventre. Et puis j'ai vraiment envie de les tester, ces Toulousains."

Rugbyrama - Laurent VERGNE