Clermont réussit une saison de rêve. La réussite des Jaunards profite à ses joueurs, qui n'en finissent plus d'être appelés en équipe de France. La tendance, qui s'est dessinée en novembre, se confirme pour le Tournoi: Laurent Emmanuelli et Anthony Floch ont séduit à leur tour les sélectionneurs.
Dans un passé encore récent, quand on parlait équipe de France à Clermont, un seul nom revenait de manière inéluctable sur toutes les lèvres. Celui d'Aurélien Rougerie. Taulier à l'aile chez les Bleus, au même titre qu'un Christophe Dominici, le grand blond n'avait en revanche pas beaucoup de partenaires avec qui causer du pays lors des regroupements à Marcoussis, à part un Pierre Mignoni, de manière très épisodique toutefois. Les temps ont bien changé en l'espace de quelques mois...
Depuis le début de la saison, l'ASM tutoie à nouveau les sommets. Un retour en grâce collectif qui profite forcément à ses individualités. Arrivé dans la dernière phase de la préparation à la Coupe du monde, Bernard Laporte cherche des hommes en forme pour sa revue d'effectif. Alors il pioche dans la réserve jaune. Lors de la tournée de novembre, outre Rougerie, on avait ainsi assisté au retour (très concluant) d'Elvis Vermeulen. Pierre Mignoni et Thibaut Privat, profitant des blessures, furent également de la fête, tout comme le jeune Loïc Jacquet, titulaire en deuxième ligne contre l'Argentine au Stade de France.
Et de sept
Jeudi, cette galerie bleue s'est encore étoffée. Sur les quatre novices figurant dans la liste des 40 joueurs retenus pour le Tournoi des VI Nations, on trouve deux Clermontois. Le jeune arrière Anthony Floch, et le pilier trentenaire Laurent Emmanuelli. Comme Laporte a assuré que tous les joueurs appelés disputeraient au moins un match, ce sont au total sept joueurs de l'ASM qui auront porté le maillot tricolore cette saison. Une sacrée marque de reconnaissance pour le groupe de Vern Cotter. D'autant que ce sont autant les jeunes pousses (Floch, Jacquet) que des gaillards plus expérimentés (Emmanuelli, Vermeulen) qui tirent leur épingle du jeu.
Pour les deux nouveaux venus, la surprise, forcément agréable, est de taille. Surtout pour Laurent Emmanuelli. A 30 ans, il s'était fait une raison. Détenteur également d'un passeport italien, il pensait plus goûté aux joies des joutes du Tournoi de l'autre côté des Alpes. "Mais je suis Français avant tout et je suis très fier, sourit-il. Je suis très impatient de porter le maillot avec le coq, chanter la Marseillaise... C'est un rêve de gosse. J'ai hâte de passer ce mois avec mon club, ensuite je me tournerai naturellement vers l'équipe de France."
Emmanueli: "Pourquoi pas la Coupe du monde?"
Emmanuelli en équipe de France, c'était vraiment une cote énorme il y a six mois. Voire six semaines. Mais derrière les trois incontournables que sont Marconnet, De Villiers et Milloud, le staff français cherche désespérément du monde au poste de pilier. Comme Nicolas Mas ou Jean-Baptiste Poux, et pourquoi pas Christian Califano, l'ancien Toulonnais a une chance à saisir. " C'est sûr qu'une fois que l'on est dans le groupe, on en veut un petit peu plus et, pourquoi pas, figurer dans la liste des 30 pour la Coupe du Monde." Aujourd'hui, Emmanuelli ne se gêne pas pour nourrir une certaine ambition. C'est aussi ça, l'effet Clermont.
L'arrivée de son jeune compère Anthony Floch est un peu moins surprenante, même si l'intéressé jure qu'il n'y croyait pas. Lui aussi profite du flou artistique régnant à son poste. Laharrague, Castaignède, Brusque, Elhorga, Dominici, le XV de France a vu beaucoup de monde passer au à l'arrière depuis deux ans, sans vraiment trouver la bonne formule. Le Clermontois a donc un vrai coup à jouer. "Il faut continuer à travailler, je ne suis pas encore arrivé", prévient-il sagement. Mais Floch le promet, il ne changera pas, équipe de France ou pas. " Pour moi, le rugby était un amusement, ça l'est toujours. " Et si c'était là le secret de la réussite clermontoise?