Alexandre Audebert

Seul survivant de la défaite de 2001 avec Aurélien Rougerie, Alexandre Audebert est une pièce essentielle du système de Vern Cotter. Le troisième ligne auvergnat jouera sa troisième finale samedi.



Il n’est certainement pas le joueur le plus médiatisé de Clermont. A défaut de notoriété, il est sans conteste l’un des symboles de son équipe. L’un des éléments les plus précieux aussi. Auteur d’une magnifique prestation la semaine passée en demi-finale face à Perpignan (21-7), Alexandre Audebert est au sommet de son art. Dernier survivant de la finale perdue (34-22) en 2001 avec son capitaine Aurélien Rougerie, le troisième ligne auvergnat n’a plus de temps à perdre. A bientôt 31 ans, il les aura le 4 août prochain, le numéro 7 de l’ASM entend bien décrocher son premier titre de champion de France pour sa troisième tentative à ce niveau. Et comme il y a sept ans, ce sera face au Stade Toulousain. « 2001, c'est vraiment de l'histoire ancienne, dit-il. C'était une autre époque, un autre groupe, presque dans une autre vie. Quant à l'an dernier (Ndlr : défaite 23-18 contre le Stade Français), ça nous a permis de grandir, de nous fortifier, et de consolider encore un peu plus le collectif. L'année dernière, on était sorti du chapeau, c'était une surprise de nous retrouver en finale. Là, on a beaucoup travaillé pour essayer d'y revenir, donc on est content, mais le plus dur reste à faire. C'est pour ça qu'il n'y a pas eu d'effusion de joie à Marseille. »

Pion essentiel du système de Vern Cotter, l’international (1 sélection en 2002) a été l’un des meilleurs au Vélodrome. Décisif sur le premier essai de Nalaga, il a surtout étouffé Tuilagi quatre-vingt minutes durant. Ecarté des terrains de nombreuses semaines après une suspension écopée en Coupe d’Europe, le Clermontois a depuis retrouvé la pleine possession de ses moyens. Plutôt que de s’attarder sur ses performances individuelles, il préfère pourtant parler de « progrès collectifs » réalisés en l’espace de quelques mois. « C'est vrai qu'il y a eu un gros virage de pris l'an dernier, on l'a tous vu, on l'a tous senti. L'arrivée d'un nouvel entraîneur avec Vern Cotter, l'agrandissement du stade, le club qui s'est structuré de façon professionnelle et performante à tous les niveaux, c'est ce qui fait la différence, on a tout pour bien bosser. » Et enfin mettre un terme à la malédiction. Les rôles ont changé. Meilleure équipe de la saison régulière et finaliste malheureux voilà un an, Clermont est aujourd’hui devenue l’équipe à battre. Une référence dans le rugby français. « Je ne sais pas si nous sommes favoris, car face à Toulouse, c'est toujours compliqué, coupe-t-il. Ils vont quand même disputer leur deuxième finale cette année, on verra bien. »

Ancien de la maison jaune et bleu depuis huit ans, Audebert n’est pas du genre à s’enflammer. Pas maintenant. Pas si près si but. Contre un adversaire tel que le Stade Toulousain, le solide Suresnois (1,87 m, 90 kg) s’attend à un combat de tous les instants. « Comme tout le monde le dit, la logique est respectée et on attend un gros engagement. On sait qu'ils sortent d'une finale perdue contre le Munster en Coupe d'Europe, ils ne sont pas là par hasard. Ils ont cette capacité à faire vivre le ballon dans n'importe quelle situation. Ils ont un gros paquet d'avants et une défense hermétique. C'est une équipe très complète, ça ne fait pas 15 ans qu'ils sont en demi-finale pour rien. Ils ont accumulé de l'expérience, même s'ils n'ont rien gagné depuis 2001.» Un appétit que les Auvergnats partagent bien évidemment. Sous les yeux de ses parents, « qui habitent à 800 mètres du Stade de France à vol d'oiseau », Audebert ne veut pas se rater. Et entend bien entrer définitivement dans l’histoire de son club.