Clermont sur la bonne voie, mais...
A l’issue d’une saison exceptionnelle qui a vu l’ASM terminer première du Top 14, tout le monde promettait à Clermont son premier titre de champion de France. Mais le club auvergnat est encore passé à côté. Sa progression, toutefois, n'est pas encore terminée.
L'an dernier, c'est l'expérience qui leur manquait pour battre le Stade français et remporter le premier Brennus de leur histoire. Cette saison, tout semblait coller. Les Clermontois se sentaient mûrs et prêts, ils le juraient après la demi-finale contre Perpignan. Bref, ce devait être l'année Clermont. Et puis non.
Pourtant les Auvergnats avaient tout fait pour. Mentalement, la défaite de 2007 avait été assimilée comme une simple étape, nécessaire pour la maturation du groupe. "On s'est appuyé dessus toute la saison. Cette défaite n'a pas du tout été un coup d'arrêt", assurait Pierre Mignoni lundi dernier les yeux encore plein de rêves. Malgré tout, l'ASM s'est montré beaucoup trop fébrile au Stade de France pour espérer l'emporter. "Nous sommes passés à côté de notre match. Ça, c'est une certitude", avouait l'entraîneur Vern Cotter après coup. Il semble que ce groupe, qui a déjà beaucoup grandi, doive encore prendre de la bouteille. Notamment pour gérer cette pression qui fond sur l'Auvergne à chaque qualification en finale. Le chemin est peut-être plus long que prévu.
Au niveau du recrutement aussi, le staff avait bonifié son équipe la saison dernière. La venue du champion du monde sud-africain John Smit a permis à l'Argentin Mario Ledesma d'élever encore son niveau de jeu, au point de se classer troisième meilleur marqueur de l'équipe (sept essais dans la saison). Celle de l'international tricolore Julien Bonnaire a renforcé un peu plus la troisième ligne et amené un sauteur supplémentaire en touche. Celle de Napolioni Nalaga a amené encore plus de vitesse et de pénétration à l'attaque jaunarde, voyant le Fidjien couronné du titre de meilleur marqueur d'essais de la saison (18).
Renforcer le banc
Mais cela n'a pas suffi. Que faudra-t-il faire alors pour passer enfin le cap ? Apprendre à gérer les saisons très longues d'une part. Clermont a terminé sa saison en s'appuyant beaucoup sur son ailier fidjien, plus que sur son collectif, comme il le faisait lors de la première partie du championnat. Le club auvergnat devra peut-être aussi renforcer son banc en terme d'expérience. Domingo, Jacquet, Samson, performants et prometteurs, semblent encore un peu jeunes pour faire la différence dans les matchs couperet. L'ASM n'a pas son impact player, comme le fut par exemple le Toulousain Maka en finale. Derrière, la paire de centres Canale-Joubert a manqué de concurrence quand l'effectif du triangle 11-14-15 est pléthorique. La signature de l'Agenais Arnaud Mignardi va dans ce sens.
Il reste du chemin donc mais Clermont avance. Et tout le monde, joueurs, entraîneurs et dirigeants, a emboîté le pas depuis l'arrivée de Vern Cotter voilà deux ans. Et deux ans, c'est peu pour construire une équipe capable de devenir reine de France.