Fontès : "Pour une élite à douze"Après le staff des Bleus et les joueurs, c’est au tour d’un président de club, le patron de Clermont René Fontès, de s’exprimer sur les polémiques qui secouent le rugby tricolore ces derniers jours. Selon lui, c’est vers une élite à douze clubs qu’il faut se tourner.Depuis le retour d'Australie de l'équipe de France, le rugby hexagonal se pose beaucoup de questions concernant son fonctionnement. Etait-il temps selon vous ?René FONTES : Il me semble ! Peut-être qu'à force de poser des questions, quelqu'un va enfin les relever. Pour le moment, ce n'est pas le cas. En tant que président de Clermont, je n'étais pas concerné par la tournée en Australie et il m'est difficile de m'exprimer sur ce sujet. Mais il est clair que nous n'avons pas montré la meilleure image pour notre équipe nationale.
Une grosse partie de la polémique tient dans le calendrier.R.F. : Chacun voit midi à sa porte mais ce que je sais, c'est que mon équipe a fini de jouer le 28 juin et qu'elle reprendra l'entraînement quatre semaines après. C'est une situation insupportable. Pour les joueurs, pour le staff et pour l'ensemble des personnels du club. C'est difficile de voir ce type de situations se renouveler chaque année. Il y a un vrai problème de carence, qu'il faut absolument traiter.
Quelles pourraient être les solutions selon vous ?R.F. : Ne tournons pas autour du pot : il faut jouer moins de matchs. Et là, il n'y a pas 50 000 solutions : il faut soit diminuer le nombre de clubs dans l'élite, soit supprimer les tournées. Prendre l'une ou l'autre solution sera difficile mais si on ne prend pas de mesures, on continuera à tourner en rond.
Marc Lièvremont a qualifié le Top 14 de "championnat médiocre". Quel est votre jugement sur cette compétition ?R.F. : Je ne pense pas qu'il soit médiocre. Il est surtout à deux vitesses, entre une première moitié de tableau qui a un certain rôle et une deuxième moitié de tableau qui a un autre rôle, chacune sachant exactement lequel est le sien. C'est dommage pour le spectacle autant que pour les joueurs, sans parler des impasses faites par certains clubs, qui pénalisent les supporters.
Quel est votre avis sur la solution à adopter ?R.F. : Je ne fais pas l'unanimité mais je crois qu'il faut réduire le nombre de clubs à douze.
Etes-vous pour une suppression des phases finales, vous qui auriez été sacré champion de France si elles n'avaient pas eu lieu cette année ?R.F. : Je suis mal placé pour en parler c'est vrai ! Je ne dirais pas qu'il faut les supprimer. J'en reviens à une élite à 12 clubs qui permettrait de jouer quatre matchs de moins et donc de conserver les phase finales quelques années supplémentaires. Ce que je regrette surtout, c'est que ces sujets ne fassent pas plus débat dans l'actualité. On a l'impression que ce sont les décisions de quelques personnes seulement. C'est frustrant. Moi, je suis président de club, je ne fais pas partie d'un comité mais je regrette vraiment qu'elles ne fassent pas l'objet de discussions approfondies, lors de l'assemblée générale de la Ligue par exemple.
Les élections à venir à la LNR et à la FFR vont-elles changer les choses à votre avis ?R.F. : On peut toujours espérer que quand il y a un changement de personnes, cela s'accompagne au moins d'un changement d'habitudes. Mais on n'en est pas encore là. Je ne veux pas mettre en cause les personnes en place parce qu'elles ont opéré dans un contexte compliqué. Je déplore le départ de Serge (Blanco, président de la LNR, NDLR) et je ne voudrais pas dire une chose et son contraire. Mais je pense que l'équipe en place aurait pu mieux anticiper cette situation pour faire évoluer de manière plus positive le rugby en général.
Comment voyez-vous l'avenir du rugby français ?R.F. : Je suis optimiste. Le rugby est sur une vague porteuse, il ne faut pas l'oublier. La grande question c'est : va-t-il en tirer le maximum ? Personnellement, je ne suis pas inquiet et je ne verse pas dans le catastrophisme. Le rugby possède des bases saines, qui le resteront un moment encore. C'est la plus grande chance qu'il ait.
Rugbyrama - Propos recueillis par Emilie DUDON