ITW Jean-Marc Lhermet

A l’orée de cette nouvelle saison, Clermont fait une nouvelle fois partie des favoris et le groupe, presque inchangé, paraît aussi fort que l’an passé. Jean-Marc Lhermet, le manager auvergnat, préfère insister sur la qualité des autres équipes.

Jean-Marc, comment se déroule cette reprise de l’entraînement ?

Comme on dispose d’une phase de préparation relativement courte, on
n’a pas trop de temps à perdre. Les joueurs entrent très rapidement dans le bain et ils travaillent beaucoup depuis le début de la semaine.

Tous les joueurs ont-ils repris ?

La très grosse majorité des joueurs était présente à Clermont pour la reprise. A l’exception de Mario Ledesma, qui est avec l’équipe d’Argentine, et de Jamie Cudmore, qui a subi une intervention à l’épaule dès la fin de saison dernière. Il est en convalescence chez lui au Canada et reviendra début août.

Comment avez-vous trouvé les joueurs d’un point de vue physique ?

Conforme à ce qu’on attendait. On leur a laissé une période de récupération conséquente, de façon à ce qu’ils puissent éliminer physiquement et mentalement la saison passée. Ils avaient besoin de vacances pour récupérer. On ne s’attendait pas à ce qu’ils arrivent affutés comme des lames de rasoir. Ils avaient un petit programme de préparation et pour la plupart, ils l’ont très bien suivi. Ils sont donc arrivés en état correct.

Quel est leur état d’esprit ?

Comme tous les joueurs du Top 14, ils auraient voulu avoir une période de récupération plus longue. Ça fait court mais ils étaient contents de se retrouver tous ensemble pour ce nouveau challenge. C’était très bon enfant.

« Travailler les fondations et les valeurs »

La déception de la finale perdue a-t-elle été oubliée ?

On ne peut pas dire que ce soit oublié, c’est toujours un peu présent dans les têtes. Mais je crois que les joueurs ont maintenant tourné la page et sont passés à un autre projet. C’est aussi une des raisons pour lesquelles on va aux Etats-Unis, pour clore le chapitre, oublier la saison dernière et repartir sur de nouvelles bases. Je crois qu’on a encore besoin de temps pour finir d’évacuer la saison passée et ce stage sera fort à propos pour permettre de le faire.

Que peut vous apporter ce stage aux Etats-Unis à partir de samedi ?

Se retrouver tous ensemble, comme habituellement en début de saison. Travailler les fondations et les valeurs qui vont animer ce groupe tout au long de la saison. Travailler aussi des aspects purement rugby, comme les systèmes de jeu. Avec l’évolution des règles, il y a pas mal de travail de ce côté-là également. Plus une partie image-marketing (Ndlr : le siège de Michelin Amérique du Nord se situe à Greenville, Caroline du Nord, lieu du stage).

Est-ce que c’était une volonté de votre part de conserver le même effectif ?

C’est l’une des lignes directrices du management qu’on s’est fixé. Essayer de travailler sur la durée, en prônant la stabilité. On a une ossature qui n’a pas changée. Nos vingt joueurs majeurs sont restés. Il y a eu quelques départs mais le groupe a été étoffé quantitativement et qualitativement. Ceux qui arrivent vont chacun amener quelque chose par leur profil, que ce soit à court terme ou à long terme par rapport à leur potentiel. On a aussi intégré trois joueurs du centre de formation. On reste cohérent avec notre politique.

« Le championnat va être beaucoup plus serré »

Les masses salariales ont explosé dans plusieurs clubs, qui payent des fortunes pour attirer des grands noms. Avez-vous été tenté par ce genre de recrutement prestigieux ?

On est bien sûr intéressé pour recruter des très bons joueurs qui peuvent apporter quelque chose à cette équipe. On a regardé et on s’est positionné sur certains dossiers. Maintenant, on ne veut pas faire n’importe quoi au niveau salarial. Pour respecter la cohérence budgétaire du club mais aussi pour préserver l’équilibre des salaires entre nos joueurs. Il faut qu’il y ait une certaine logique et on ne peut pas casser l’échelle des salaires pour faire venir un joueur. On n’a pas voulu faire n’importe quoi, dans la mesure aussi où notre effectif ne nécessitait pas de recruter dans l’urgence tel ou tel joueur de très haut niveau. On garde toujours la possibilité d’étoffer l’effectif, par des joueurs supplémentaires. On voit en fonction de ce qu’on peut faire. On n’a pas dans l’idée de faire venir un joueur pour six mois, quel qu’il soit. Ça ne rentre dans notre façon de gérer l’effectif.

Que vous inspire votre premier match de la saison, le 26 août, à Toulon ?

On a été surpris dans la mesure où ce devait être au champion d’aller à Toulon pour l’ouverture de la saison. Je ne sais pas trop pourquoi ça a changé. Mais ce match va nous permettre de nous remettre rapidement dans le bain parce qu’une ouverture de championnat à Mayol, c’est un bon moyen de se confronter rapidement aux réalités du Top 14, qui va être de très haut niveau cette saison. Toulon est une équipe qui s’est armée, qui a affiché ses ambitions et, sur le papier, elle est capable de se positionner sur le haut du tableau. Voire même parmi les demi-finalistes. Pour ce match, ils vont faire figure de favoris. Ça va être très compliqué pour nous mais on va relever le défi. Cette année, des équipes comme Brive, Bayonne, Montauban, Toulon se sont renforcées et vont démarrer le championnat avec de nouvelles ambitions. Le championnat va être beaucoup plus serré.

« Etre meilleurs que la saison dernière »

Vous ne partagez donc pas l’opinion selon laquelle Toulouse et Clermont vont largement dominer…

Non. Parce que les effectifs ont évolué et la dernière saison a été très longue pour Toulouse, Clermont et, à un degré moindre, pour Perpignan et le Stade Français. Les équipes ont joué sur deux tableaux, les joueurs ont été très fatigués. Ce n’est pas la petite période de récupération qui va nous permettre de repartir avec des joueurs complètement régénérés. Ça va être pénalisant. Je pense qu’il y a plein de paramètres aujourd’hui qui laissent penser que ce championnat va être beaucoup plus équilibré que le précédent. Il va réserver son lot de surprises.

Quelles seront les ambitions du club cette saison ?

Aujourd’hui, notre ambition, c’est de garder la même dynamique. Ça fait deux ans qu’on fait de très grosses saisons. L’année dernière, je pense que le club a réalisé la meilleure saison de son histoire. Ça ne nous était jamais arrivé de finir premiers de la phase régulière. On a aussi fait quelques gros matchs en H Cup, avec des équipes de très haut niveau dans notre poule, que ce soit le Munster, les Wasps ou Llanelli. On est sur une dynamique de progrès, on a un groupe stable et les systèmes de jeu seront encore plus assimilés. Notre objectif, c’est de pratiquer un meilleur rugby que les années précédentes. Mais je ne peux pas deviner ce que vont faire Brive, Montauban, Toulon… Notre volonté, c’est d’être meilleurs que la saison dernière.

Et de gravir la dernière marche ?

Une équipe comme Toulouse, ça fait dix ou quinze ans qu’elle dispute des finales, en championnat ou en H Cup. C’est énorme le nombre de matchs couperets qu’elle a disputés. Nous, depuis cinq ans, on n’a pas fait grand-chose. Il faut absolument qu’on arrive à enchaîner ce genre de rencontres pour pouvoir, quand l’occasion se présentera, être très performants sur des matchs à très fort enjeu. On va aborder le championnat avec humilité. On n’a pas la prétention de dire qu’on va être champions. Ça va être très compliqué.

Source Rugby365