L'Aviron Bayonnais est la surprise de ce début de saison. Avec un bilan de neuf victoires pour seulement deux défaites, le club basque occupe la deuxième place du classement, à deux longueurs du leader toulousain, son adversaire vendredi (20h30). L'occasion de réellement se jauger et pourquoi pas prendre la tête du classement en cas de succès. Tous les voyants sont au vert avant le «big match».
Les Bayonnais réussissent une première partie de saison quasi parfaite. Elle avait été idéalement lancée par une victoire initiale sur la pelouse du Castres Olympique (26-27). Un match indécis jusqu'au coup de sifflet final, où les Ciel et Blanc avaient préservé un point d'avance. C'est un peu leur marque de fabrique depuis le début de la saison. Sept succès avec seulement un essai d'écart. Des victoires dans la douleur qui ont forgé un mental à toute épreuve au groupe bayonnais. Les deux prochaines rencontres (Toulouse et Stade Français) avant la trêve vont permettre de savoir ce que cette équipe à vraiment dans le ventre.
Un bilan flatteur ?
A y regarder de plus près, si le bilan comptable est optimal, la bonne passe du club basque peut paraître fragile. Avec quatre réceptions en cinq rencontres dès l'entame de la saison, Bayonne a pu enchaîner et emmagasiner de la confiance. Cependant, les victoires étriquées face à Montauban et aux deux promus (Mont-de-Marsan et Toulon) n'ont pas convaincu. Tout comme le succès sur Clermont, finaliste encore sous le choc de son échec. Quant au déplacement à Perpignan, il s'est soldé par une lourde défaite (38-10). La suite n'est pas forcément plus glorieuse avec un revers à Dax et une courte victoire sur Brive. Les trois dernières rencontres sont plus significatives. Après avoir arraché le derby face à Biarritz (12-14), Bayonne s'est imposé à Bourgoin (13-9) avant de surclasser Montpellier et d'empocher son premier bonus offensif (42-9).
Mais les succès à Biarritz, qui n'est que l'ombre de lui-même avec déjà six défaites au compteur, et à Bourgoin, qui n'est plus invincible sur ses terres avec cinq revers à Rajon, sont-ils à prendre comptant ? «C'est sûr que les équipes comme Castres, Clermont, Biarritz et Bourgoin n'étaient pas au mieux quand nous les avons battues, avoue le trois-quarts centre Thibault Lacroix. Mais nous avons aussi souffert sur certains matches, en raison du manque de réussite de notre buteur. On l'a vu face à Montpellier. Quand notre buteur est en réussite, on prend le large et on décourage l'équipe adverse.» Pourtant, à l'inverse des cadors du Top 14, Bayonne doit encore prouver qu'il à sa place dans le quatuor de tête. «Depuis que les médias parlent de nous, explique Thibault Lacroix, tout le monde attend plus de nous. On doit prouver que nous ne sommes plus une équipe moyenne.» Le déplacement à Toulouse tombe à pic ! Rémy Martin, le capitaine bayonnais, l'attend avec impatience. «Ça va être un choc. Il nous faut continuer à avancer.» Même son de cloche pour son coéquipier Thibault Lacroix : «On a envie d'aller chercher des points chez les grosses écuries. On va pouvoir se jauger face à l'une des meilleures équipes européennes. On va savoir !»
Une défense de fer
Bayonne veut continuer à avancer, mais surtout poursuivre la dynamique. La dynamique de victoires bien sûr, puisque Bayonne a gagné ses quatre derniers matches. Mais l'Aviron veut aussi garder un certain état d'esprit. «La victoire à Biarritz a créé beaucoup de confiance. Nous sommes sereins.» Et pour cause, l'équipe n'a plus encaissé d'essai en championnat depuis la défaite à Dax, début octobre. «Cela fait d'ailleurs 360 minutes que l'on n'a pas pris d'essai. C'est très important dans nos têtes.» Face à la deuxième meilleure attaque du championnat, les Bayonnais vont pouvoir également se tester. «On n'y va pas pour servir de sparring partner», prévient Rémy Martin. Comprenez que le capitaine bayonnais n'a pas envie de repartir de la ville Rose avec trente points dans la musette, à l'image du déplacement à Perpignan où Bayonne était passé à côté de son sujet (défaite 38-10). Les hommes du duo Mentières-Coyola ont également des arguments à faire valoir en conquête. Avec les apports des piliers Rodney Blake pour sa puissance et Denis Avril pour son expérience, la mêlée basque a retrouvé ses lettres de noblesse. Quant à la conquête en touche, la tour de contrôle Rob Linde est toujours aussi précieuse. Le match face à Toulouse est encore une occasion de se jauger face à la référence française. «On va s'appuyer sur nos points forts, assure le centre des Ciel et Blanc. Si on laisse trop de ballons aux Toulousains, ça va être très compliqué. La clé du match sera la conquête. Derrière, il faudra jouer nos quelques ballons à fond !»
Au final, l'Aviron Bayonnais à tout a gagner de son déplacement à Toulouse. Sans obligation de résultat, les Bayonnais auront la volonté de prouver qu'ils sont au niveau des meilleures équipes et que leur place dans le quatuor de tête n'est pas usurpée. Et même en cas de revers face au Stade Toulousain et dans la foulée face au Stade Français, le bilan du club basque resterait positif à mi-parcours comme le précise Thibault Lacroix : «Ce ne serait pas une fin en soit. Ça éviterait aussi d'aborder la seconde partie de saison sur un petit nuage. Le risque, s'est de se relâcher. Car tout peut aller très vite. Mais l'Aviron sait d'où il vient.» Et même si le groupe rêve de disputer les phases finales, l'objectif reste la qualification pour la Coupe d'Europe.
L'Equipe.fr - Maxime RAULIN