ITW VERN

Cotter: "On fait avec"

Entre les 6 Nations et le Mondial à 7, l'entraîneur de Clermont Vern Cotter ne dispose pas de tous ses joueurs pour le déplacement à Biarritz, lors de la 19e journée. Une rencontre qui s'annonce compliqué selon lui en raison de la forme des Basques.

Vous semblez inquiet avant d'aller affronter Biarritz ?

Vern Cotter: Oui, c'est difficile car nous avons quelques joueurs-clés qui ne seront pas là, des joueurs blessés également, et il est difficile actuellement de mettre 23 noms sur la feuille de match. En plus, Biarritz joue très très bien en ce moment, et c'est un déplacement qui s'annonce compliqué. On ne parle pas de faire l'impasse, bien sûr que non.

Et Biarritz retrouve la forme...

V.C: On sent que cette équipe monte en puissance, elle n'a rien à voir avec celle qui a débuté le championnat. Ils ont retrouvé la confiance, avec des joueurs d'expérience aux postes-clés, tels Yashvili, Thion ou Harinordoquy, qui revient très bien. On aura des difficultés pour sortir les ballons des regroupements, mais aussi à obtenir les ballons en touche et en mêlée. Donc, on s'attend à un gros match de leur part.

Entre deux matches du tournoi, comment gérez-vous la situation ?

V.C: C'est sûr que pour nous, c'est la période la plus compliquée car, non seulement il y a le tournoi des six Nations, mais il y a également la Coupe du monde à 7 à Dubaï et là aussi nous avons des joueurs qui sont sollicités (Malzieu et Combezou avec la France, et Nalaga avec les Fidji, ndlr). C'est donc une semaine difficile à gérer, mais on fera avec, on va s'adapter. Le classement ne nous obsède pas, c'est juste la performance de l'équipe qui m'importe.

C'est plutôt bien engagé quand même ?

V.C: Oui, mais je ne veux pas regarder trop loin devant, sinon on ne vit pas assez dans le présent, et il peut être très compliqué comme c'est le cas en ce moment. Même si je le voulais, je suis malheureusement dans l'incapacité de donner la composition. On verra en fonction des joueurs qui seront disponibles. On fera une équipe... j'espère. Mais si on reste sur notre niveau, on devrait pouvoir terminer parmi les quatre premiers.

L'entraîneur de Clermont, Vern Cotter, estime que son équipe a fait des progrès depuis la saison dernière, où elle avait échoué en finale du championnat contre Toulouse, et elle veut le prouver face à cette même équipe ce vendredi en demi-finale du Top 14.

Pensez-vous queToulouse ait marqué le pas depuis son élimination à Cardiff en quarts de finale de la Coupe d'Europe ?

V. C.- Je ne crois pas du tout. Ce match s'est joué à pas grand chose. Depuis, on voit une montée en puissance assez impressionnante. Ils sont allés gagner à Bayonne, peu d'équipes peuvent faire cela, surtout avec l'enjeu (Bayonne jouait sa place en Coupe d'Europe, NDLR). Ils avaient la fraîcheur physique et ont toujours cette capacité de gérer les gros évènements comme une demi-finale. On sait que ça va être un match intense, engagé du début jusqu'à la fin.

Malgré une entame délicate, Clermont a prouvé ses ressources mentales cette saison...

V. C.- Malgré le fait que ça ne tournait pas en début de saison, on a toujours cru en nos possibilités de se qualifier pour les demi-finales. Je pense que l'équipe a encore progressé. Sur le plan comptable, on est encore la meilleure attaque cette année, et la deuxième défense. Il y a eu une amélioration dans notre jeu mais on sait que les compteurs reviennent à zéro en phase finale. Toulouse, qui nous a dominés en finale l'an dernier, sera encore très présent. Ils ont des certitudes par rapport à nous. Il faudra les bousculer, aller les chercher.

Comment sentez-vous vos joueurs à quatre jours de la demi-finale?

V. C.- Je sens qu'il y a une détermination de faire quelque chose après cette année pas facile. On monte en puissance. Est-ce que ce sera suffisant pour battre Toulouse? Tout ce qu'on peut faire, c'est se concentrer sur nous, sur ce qu'on est capable de faire sur le terrain: produire, construire, jouer avec intensité pendant 80 minutes. Le plus important, c'est de pouvoir sortir de ce match la tête haute."

Vous avez récemment aligné Aurélien Rougerie au centre et Benoît Baby à l'aile. Avez-vous déjà arrêté votre XV de départ?

V. C.- On a la chance d'avoir plusieurs joueurs qui peuvent jouer soit à l'aile, soit au centre. On n'a pas encore décidé. C'est une situation très agréable pour un entraîneur. On va regarder toutes les combinaisons possibles pour composer notre équipe.

Allez-vous entretenir l'incertitude jusqu'au jour J, comme votre homologue toulousain Guy Novès a l'habitude de le faire?

V. C.- Je pense qu'il y a toujours une tactique derrière ce qu'il fait. Il veut garder des incertitudes jusqu'au dernier moment. Je pense que tous les techniciens font plus ou moins la même chose. Les deux équipes se connaissent tellement que si on annonce la composition d'équipe trop tôt, cela laisse le temps pour mettre une stratégie en place. Je crois que l'équipe qui l'emportera sera celle qui en aura le plus envie.

Rugbyrama - AFP

Vern Cotter face aux lecteurs de La Montagne en video :

http://www.lamontagne.fr/sports/rugby/vern_cotter_face_aux_lecteurs_la_dynamique_est_toujours_presente_video_@CARGNjFdJSsHFh8BCxg-.html

A semaine exceptionnelle, conférence de presse exceptionnelle. Devant l’affluence des journalistes présents pour le dernier point presse avant la rencontre de vendredi , l’habituel lieu de rendez-vous a été déplacé vers le First de l’espace Edouard, réaménagé pour l’occasion.

Pas de quoi toutefois déplacé les débats de la demi-finale…

La première information dévoilée par le coach néo-zélandais concerne l’état de santé des deux incertains ( Malzieu et Russell). « En ce qui concerne Russell, il ne sera pas remis pour la demi-finale, pour Julien nous nous donnons encore du temps pour prendre une décision quant à sa participation…» Il faudra donc attendre encore pour avoir le groupe définitif de l’opposition contre le Stade Toulousain. Une rencontre qui s’annonce comme une véritable partie d’échec entre deux des plus grands stratèges de notre championnat. Aurélien Rougerie prévient « Même si les performances du Stade Toulousain ont manqué de régularité ces derniers temps, ils ont les joueurs et l’équipe pour changer de physionomie d’un match sur l’autre. C’est une équipe que l’on arrive jamais vraiment à cerner. Ils seront les favoris de la rencontre. A nous de proposer des choses en face pour les contrer. »

La conquête toulousaine évoquée à maintes reprises, lors de la conférence de presse était, elle aussi, au centre du débat. Aurélien Rougerie constate : « Les Toulousains ont atteint un niveau remarquable dans ce secteur. Les individualités ont tiré tout le monde vers le haut pour aujourd’hui avoir la meilleure conquête d’Europe. » Vern Cotter confirme : « Si nous ne sommes pas capables de faire jeu égal au niveau de la conquête, le match sera très compliqué. Nous nous préparons du mieux possible en conséquence… ». Sur la physionomie de la rencontre, le coach clermontois s’attend à « un match très contesté, très engagé ! » que les Clermontois ont décidé de préparer à Bordeaux dès mercredi. « Nous partons avant, car c’est un stade que nous ne connaissons pas. Nous avons besoin de prendre nos repères sur le stade et de régler les derniers détails, comme la gestion de la mi-temps par exemple. » Avant de finir sur une dernière phrase de Vern Cotter qui laisse présager de l’envie que mettrons les « Jaune et Bleu » à l’ouvrage… « C’est l’équipe qui mettra le plus d’envie qui remportera la rencontre … »

Pour sa troisième saison à la tête de Clermont, Vern Cotter vivra sa troisième finale de Top 14. L’entraîneur néo-zélandais, arrivé durant l’été 2006, est l’homme de base de ce renouveau auvergnat.

Trois finales en trois ans. Vern Cotter pouvait difficilement rêver d’un plus beau parcours en posant ses valises à Clermont en juillet 2006. L’entraîneur néo-zélandais, arrivé pour prendre la succession de Philippe Agostini, a fondamentalement changé le visage d’une équipe auvergnate désormais aussi ambitieuse que régulière. De la préparation aux plans de jeu, le nouvel homme fort de l’ASM a tout changé ou presque. « De nouvelles choses vont arriver avec lui, mais ce n’est pas une révolution, nous expliquait le manager Jean-Marc Lhermet lors de son arrivée. Il va nous amener des choses de l’hémisphère sud parce qu’il en est originaire mais connaît également le rugby français pour y avoir joué pendant dix ans. Je ne voulais pas d’un entraîneur étranger qui vienne avec son staff, ses idées en voulant transposer un modèle de là-bas à ici et sans connaissance des spécificités du rugby français. Je voulais quelqu’un de rapidement opérationnel. »

Trois ans plus tard, le bilan sportif plaide en sa faveur. L’ancien homme fort des Bay of Plenty, où il est élu meilleur entraîneur de Nouvelle-Zélande en 2004, puis adjoint de Robbie Deans chez les Canterbury Crusaders, a parfaitement rempli son contrat. Seul manque encore un titre de champion de France. Car si les Jaunards ont remporté le Challenge européen voilà deux ans, c’est bien le Bouclier de Brennus que visent les Clermontois battus par le Stade Français et Toulouse lors des deux dernières finales. Alors forcément, quand il a fallu prolonger le contrat de l’ancien joueur de Rumilly et Lourdes, les dirigeants n’ont pas hésité longtemps. « Il fait un super travail depuis trois saisons. Les résultats et le jeu proposé parlent pour lui. Il reste parce qu'il sait que le club a l'ambition de jouer au plus haut niveau français et européen. C'est sûr que c'était une condition pour rester. » Réputé pour sa poigne de fer, le Néo-Zélandais a su se faire rapidement respecter par ses joueurs.

« Ses méthodes sont celles qui gagnent : il nous fait travailler dur et ne fait jouer que les meilleurs, avoue le centre ou ailier Benoît Baby. Personne n'est à l'abri. » « Il est vraiment très à cheval sur la discipline », ajoute un de ses partenaires. Autant dire que quand Clermont a balbutié son rugby en début de saison, Cotter a donné de la voix pour remettre les choses en place. La méthode a payé et Clermont est de nouveau aux portes d’un grand bonheur. « On sait que ça va être un match compliqué contre Perpignan, dit-il. Nous devrons être vigilants du début à la fin. On va s’appuyer sur notre match face à Toulouse. Il y a eu des choses très importantes et on ne va repartir de zéro. Nous avons appris certaines choses de nos échecs précédents. Une équipe va gagner, une autre va perdre. C’est une certitude en sport. Par rapport à l'an passé, nous sommes mieux armés pour aborder le match. Cela ne donne pas de garanties mais on sait qu'en finale, il faut arracher le match. C'est dans cet état d'esprit qu'on la prépare. » Vern Cotter sait de quoi il parle.

Cotter: "Une marque de régularité"


Bien que déçu, Vern Cotter a préféré souligner ce qu'il voyait de positif dans la nouvelle défaite de Clermont en finale. L'entraineur auvergnat estime que son groupe a grandi et qu'il fait preuve de régularité depuis trois ans. Ne manque, selon lui, que le petit plus qui fera enfin la différence...

Dans quel état d'esprit êtes-vous? Quelle analyse faites-vous de cette 3e défaite?

Vern Cotter: L'homme est déçu mais l'entraîneur est fier du parcours de l'équipe. Nous avons craqué en deuxième période après une bonne entame de match. La rencontre a basculé en faveur de Perpignan. Nous n'avons pas su géré les dix minutes au retour des vestiaires. Nous avons commis quelques fautes et nous n'avons pas construit suffisamment pour revenir dans le match et mettre les Catalans en difficulté.

Vous avez beaucoup utilisé le jeu au pied. Trop peut-être?

V.C: Il faut que je regarde le match une deuxième fois. Mais il me semble que nous avons perdu l'initiative du jeu deux ou trois fois. Nous aurions peut-être dû jouer davantage. Je dois regarder à nouveau la rencontre pour en tirer une analyse exacte.

Pensez-vous avoir été trop attentistes quand vous meniez 10-3?

V.C: Oui, peut-être, on a perdu l'initiative. Je pense que c'est ça. Le match bascule sur une mêlée et une pénalité contre nous. Après, on est sorti de la rencontre. On voulait prendre les choses en main en début de deuxième période mais cela n'a pas été le cas. Nous voulions être efficaces mais malheureusement, les Catalans ont marqué les premiers. Ils ont été rapidement remis en confiance. C'était difficile de revenir.

A ce moment-là, vos joueurs semblent craquer...

V.C: Je ne sais pas ce qui s'est passé dans la tête des joueurs. Il faut toujours avoir une emprise sur l'adversaire et peut-être que nous l'avons perdue à cet instant. Nous avons perdu de la lucidité. Nous n'avons pas été suffisamment patients sur nos ballons pour construire quelque chose d'efficace.

Par rapport au deux précédentes finales, l'équipe devait pourtant être mieux préparée mentalement...

V.C: Oui, les joueurs étaient sereins et l'entame de match le prouve. On pensait sans doute pouvoir gérer ensuite... On les a privé de ballons en début de rencontre mais dès qu'ils en ont eu un ou deux, ils ont avancé. J'étais très content de notre défense en première période et puis on encaisse cet essai. Derrière, on est obligé de courir derrière le score et c'est beaucoup moins évident psychologiquement.

On vous sent moins abattu que l'année dernière...

V.C: Non je n'aime pas perdre. Et à Clermont, on n'aime pas perdre. Surtout le dernier match... Quand on voit le déroulement de la rencontre. On mène 10-3 puis 10-6. Si on avait marqué une nouvelle fois avant la pause, ça aurait pu être différent. Le match bascule sur peu de choses.

Comment repartir maintenant?

V.C: Il faut prendre trois ou quatre semaines de vacances avant de planifier la saison prochaine. Ce que je voudrais dire avant tout, c'est merci à tous les supporters qui sont venus jusqu'à Paris. Quand j'ai vu tout ce jaune et ce bleu à la sortie des joueurs pour l'échauffement, je me suis vraiment senti fier d'être Auvergnat.

Vous avez cette fait appel à des psychologues cette saison et finalement, vous échouez au même stade...

V.C: Moi, je suis sûr qu'on a grandi depuis trois ans, même si sur le constat de nos résultats en finale, ça ne se voit pas. Mais on peut aussi l'analyser autrement. C'est une marque de régularité de venir en finale trois fois de suite. Il faut faire preuve d'abnégation et rechercher autre chose. Ce petit plus qui nous donnera enfin un temps d'avance sur les autres équipes.

Après trois échecs en finale, n'y a-t-il pas une nécessité à insuffler du sang neuf dans un groupe sans doute traumatisé ?

V.C: S'il y avait traumatisme ces deux dernières années, cela tenait au Bouclier perdu. Aujourd'hui, on aborde plutôt les matches en termes de performance. Notre état d'esprit a changé. Bien sûr les joueurs sont déçus. Mais on recherche cette performance, cette régularité, s'améliorer à tout moment. Si un jour on gagne le dernier match, ce ne sera qu'une conséquence d'un travail bien effectué, mais je crois qu'il y a moins de fixation sur le Bouclier.

Rugbyrama - Propos recueillis par Philippe Da Costa, envoyé spécial/Photo Patrick Derewiany