Bouscatel : "Totalement opposé au Top 16"
Midi Olympique a révélé lundi le projet de Jacky Lorenzetti, qui souhaite un retour au Top 16. Son homologue toulousain, René Bouscatel, ne partage pas cette idée. Au contraire. Pour le président des champions d'Europe revenir au Top 16 risque de dévaloriser le championnat de France.
Que pensez-vous d'un éventuel retour au Top 16 ?
René BOUSCATEL : J'y suis totalement opposé.
Pourquoi ?
R.B : D'abord, il n'y a pas assez de dates disponibles dans le calendrier. Ensuite, au plan économique notre compétition a pris une véritable ampleur depuis la création du Top 14, il n'y a qu'à voir la progression du chiffre d'affaires, des affluences... D'un point de vue sportif je ne vois pas, non plus, l'intérêt de changer la compétition. Au contraire, revenir à seize dévaloriserait un championnat qui se joue déjà trop souvent sans les effectifs au complet. Faute de dates, il y aurait plus encore plus de matchs sans les internationaux. Ce serait inéquitable. Notre championnat est le plus attractif du monde. En 1997, Toulouse restait sur quatre titres consécutifs. Le Stade français a émergé, puis Biarritz, puis Clermont. Aujourd'hui, huit clubs peuvent prétendre à la victoire finale.
Un Top 16 serait synonyme de recettes supplémentaires.
R.B : Mais nous avons déjà 16 dates à domicile, 13 en championnat et 3 en Coupe d'Europe. Je ne vois pas l'intérêt d'un ajouter deux supplémentaires. Surtout qu'au regard des difficultés rencontrées par les clubs français, le renforcement de l'élite n'apporterait pas de recettes sur ces fameux matchs supplémentaires. On le voit, les gens se mobilisent sur les grands événements. Il faut leur proposer plus d'affiches et plus de délocalisations dans de grands stades. En revenant au Top 16, nous irions à contre-courant.
Cela permettrait de remplir plus souvent les stades.
R.B : Je comprends la problématique de Jacky Lorenzetti mais ce n'est pas comme ça qu'il faut raisonner. Parce que, je le répète, on ne pourra pas créer deux grosses équipes d'un claquement de doigt.
Vous préférez un passage à 12 clubs ?
R.B : Cela offrirait une compétition plus équilibrée, avec d'avantage de temps de repos. Déjà que nous sommes obligé de débuter le 15 août, cela fait peur.
Du temps dont cherchera à profiter l'équipe de France ?
R.B : On s'y opposera ! Sur quarante-deux semaines disponibles pour la compétition, douze sont prises par l'équipe de France qui joue onze rencontres par an. C'est suffisant.
Un Top 16 serait possible en réduisant la Coupe d'Europe. Ce qui n'alourdirait pas le calendrier.
R.B : Mais c'est totalement utopique, irréaliste, de penser que l'on pourra réduire la Coupe d'Europe alors que cette compétition est essentielle pour les Celtes. Il est stupide d'avoir des tournées internationales avec trois rencontres et pourtant personne ne fait rien pour changer cela...Il y a neuf dates européennes si l'on va jusqu'en finale, dont six pour la phase régulière. Par rapport aux vingt-six journées du Top 14, cela me paraît équilibré et suffisant. Maintenant, on peut envisager réduire la H-Cup de deux journées mais il ne faut pas rêver.
Deux clubs de plus dans l'élite permettrait d'assurer un meilleur développement du rugby sur le territoire français, non ?
R.B : En dehors de Lyon, qui ? Des clubs du sud. Et cela ne résoudrait pas les difficultés financières. Il faudrait quarante joueurs dans les seize clubs. Cela conduirait à une inflation des salaires et donc des budgets. Je n'y vois que du négatif.
Rugbyrama - Propos recueillis par Emmanuel MASSICARD