«Il n'y aura pas de course à l'armement», a lâché Yvan Patet, ce matin lors d'une conférence de presse où il a dévoilé les noms des successeurs de Christian Lanta. Le président du Lou, en accord avec ses actionnaires, a décidé de changer de stratégie en vue d'une montée en Top 14.
Après avoir misé sur un budget colossal pour atteindre l'échelon supérieur, le Lou se ravise. «Nous voulons donner une identité lyonno-lyonnaise au club, nous inscrire dans le long terme», a expliqué Yvan Patet en citant l'exemple d'Auch ou de Dax. Si le Lou ne se lance pas dans une course à l'armement, c'est aussi pour des raisons budgétaires. Le Lou a bouclé la saison 2006-2007 dans le rouge. Un déficit qui explique en grande partie la volte-face des actionnaires et le départ de Christian Lanta. «Je ne pouvais pas cautionner ce changement de projet deux mois à l'avance, c'est une question de principe. J'avais pris des engagements avec des joueurs, un staff, des gens me faisaient confiance. Je ne suis pas une marionnette. Je n'en veux pas à Yvan. Il prêche seul dans le désert. Je regrette que son entourage n'ait pas souhaité continuer le projet», s'est expliqué le coach démissionnaire. L'an prochain, le budget passe à 6,5 millions d'euros, il ne colle plus aux aspirations de Lanta.
Le projet du club reste le même : la montée en Top 14, le timing, lui, change. «Nous sommes sur une vision à moyen terme avec une montée dans trois ans», précise Yvan Patet. Trois années qui devraient emmener le Lou dans son nouveau stade de 8 000 places à l'orée de la saison 2008-2009. «Nous avons besoin de cet outil pour monter en puissance», justifie Yvan Patet. Au Lou, en ce début d'intersaison, on ne parle plus de Top 14 mais de formation. Une révolution. «Le Lou a montré l'image d'un club qui veut aller vite ou au contraire qui freine. Aujourd'hui, nous avons décidé d'investir dans la formation. Nous allons semer avant de récolter», annonce Alain Savoie, président de l'association. Fini les grands noms, bienvenue à la cuisine interne.
Cette volonté d'un Lou made in Lyon se traduit par la nomination du nouveau trio d'entraîneurs. Raphaël Saint-André, Mathieu Lazerges et Gil Coquard prendront les rênes du sportif. Les trois ont une histoire avec le Lou. Saint-André y a évolué avant de faire monter, cette saison, le club voisin de Villeurbanne en Fédérale 1. Mathieu Lazerges s'occupait, cette année, de la vidéo à Lyon et Gil Coquard de la préparation physique. Le trio sera peut-être rejoint par Alain Penaud à qui il reste un an de contrat.
Sur la pelouse, le Lou la jouera modeste avec un effectif de 32 joueurs dont 5 espoirs. Après les signatures de Taukafa et de Péclier, quatre à cinq joueurs sont attendus (deux deuxième ligne, un ailier, un pilier). Du côté des nouveaux entraîneurs, on se réjouit de la reprise tardive du championnat. «Il nous reste cinq mois pour travailler et il va falloir se retrousser les manches. On doit se bouger sur le recrutement. Nous suivons des pistes, on attend les réponses», sourit Raphaël Saint-André. Dans son nouveau rôle de retraité, Philippe Delannoy, l'ancien capitaine du Lou confiait : «C'est dommage de ne pas travailler dans la continuité de cette saison». Avec le départ de Lanta, une nouvelle ère s'ouvre au Lou. Plus modeste.
Rugbyhebdo-Paul Terra