Pierre Mignoni, qui, s'il a profité du Tournoi des 6 Nations pour gagner sa place en équipe de France,ne se considère pas comme le numéro un.
Il sait bien que tout va trop vite, que rien n'est acquis. Pierre Mignoni, grand espoir du poste de demi de mêlée à ses débuts puis oublié pendant de très longues, de trop longues années en équipe de France. Sélectionné pour la Coupe du monde 1999, il n'a fait que de rares apparitions sous le maillot tricolore jusqu'au mois de février 2007. Depuis 2003, il était considéré par les sélectionneurs comme le numéro 3 du poste, celui que l'on appelle pour les tournées. Derrière, le duo Elissalde-Yachivili, Pierre Mignoni a longtemps été considéré comme un condamné.
Et pourtant, c'est son nom que Bernard Laporte a posé en premier sur sa liste des mondialistes avant de prendre sa tête à deux mains pour savoir qui de Yachivili ou d'Elissalde serait finalement sacrifié. "Je n'ai pas l'impression d'être le numéro un", rectifie le Clermotois, "parmi les trois, je suis celui qui a le moins joué ses quatre dernières années, donc je suis bien placé pour savoir que tout peut aller très vite." Pierre Mignoni est détendu, plaisante. "Je n'ai jamais aimé les histoires de numéro. De mon côté, j'ai toujours travaillé pour être ici malgré ce classement qui me plaçait en troisième position."
La saison de L'ASM Clermont-Auvergne (finale du Top 14, vainqueur du Challenge européen) n'est sans doute pas étrangère à ce retour en grâce dans la dernière ligne droite. "Je suis plus fort mentalement. J'ai plus confiance dans mon jeu et Vern Cotter n'y est pas étranger même si c'est un tout." Clermont jouant avec les gros bras du championnat, Pierre Mignoni a pu se débarrasser d'un certain complexes vis-à-vis de ses concurrents en équipe nationales : "Cette saison, j'ai joué ma première finale. Eux (Elissalde et Yachvili, NDLR), ils ont la chance des matchs comme ça depuis plusieurs saisons. Maintenant, je sais ce que c'est."
Il ne veut pas se coller un numéro dans le dos, croire qu'il sera le titulaire. Avant un tel événement, il préfére se concentrer sur une vision collective des choses : "Si je ne joue pas le premier match, cela ne veut pas dire que je ne serai pas numéro un. Nous avons un profil différent avec Jean-Baptiste Elissalde et les entraîneurs peuvent nous choisir par rapport à nos adversaires et à l'ouvreur qui sera titulaire." Sa consurrence avec le demi de mêlée toulousain va être sujet à discussion pendant toute la préparation. Il en rigole et préfère savourer son bonheur de retrouver la Coupe du monde huit ans après.
2007 doit lui faire oublier la frustration de 1999 où il avait été contraint de rentrer chez lui pendant la compétition à cause d'une blessure : "A l'époque, j'étais très jeune, peut-être trop jeune mais je ne veux garder que le bon. Quand on a la chance de connaître le très haut niveau à 22 ans, on ne peut pas garder des mauvais souvenirs." Et à trente ans, il espère s'en fabriquer des très beaux beaux. Et au diable les numéros.
Rugbyrama - Nicolas AUGOT,