Déçu par ses prestations lors du Mondial 2003, l'ailier clermontois Aurélien Rougerie espère montrer son vrai visage pour sa deuxième Coupe du monde.
Il ne pouvait pas la manquer. La Coupe du monde lui avait laissé un tel mauvais souvenir que la reine des compétitions lui devait bien une revanche. En 2003, il n'était pas prêt pour s'exprimer pleinement lors d'un si grand événement. Ce n'était pas sa faute d'où la frustration qui l'habite encore quatre ans après au moment d'évoquer la Coupe du monde.
"J'étais prêt physiquement mais pas mentalement. Je n'étais pas encore complètement remis de mon accident en 2002. J'étais encore affecté et j'avais perdu la flamme. Ce n'était pas le vrai Aurélien Rougerie." Tout est dit, ou presque, car le Clermontois n'est pas du genre à mettre la faute sur les seuls aléas de la vie : "Je n'avais aussi pas encore conscience du truc, de l'importance d'une Coupe du monde."
Aurélien Rougerie a gagné le droit de disputer sa revanche. Ce n'était pas évident il y a encore quelques mois, c'était presque impensable après les test-matchs du mois de novembre. La concurrence aux ailes du quinze de France est sévère. Ils étaient quatre en lice pour seulement trois places. Entre un Christophe Dominci indéboulonable, un Cédric Heymans très efficace et un Vincent Clerc héros de Croke Park lors de la victoire historique de la France contre l'Irlande dans le dernier tournoi, les chances d'Aurélien Rougerie étaient minces.
"Lors de l'annonce de la liste, je n'ai pas été surpris par la présence des quatre ailiers. C'est ce qu'on voulait tous insconsciemment et nous avons forcé Bernard Laporte a le faire." Le sélectionneur n'a pas pu faire son choix. "Sauvé par la polyvalence de Domi et Cédric", sourit le Clermontois. Le fait que deux ailiers puissent couvrir le poste d'arrière l'a sans doute propulsé dans la liste des trente mais pas seulement. Son exploit à Marseille en demi-finale du Top 14, ce cadrage-débordement sur Cédric Heymans, a fait remonter sa côte en flèche. "Cela a aidé", se contente-t-il de commenter. Pourtant, il sait qu'il revient de loin depuis le match face aux Blacks à Saint-Denis en novembre dernier. Le Clermontois avait été montré du doigt après une prise d'initiative qui permit aux Néo-Zélandais de faire le break avant la pause.
C'est encore si proche et si loin à la fois. Ayant regagné une place dans le groupe France, il veut se projeter sur cette Coupe du monde où il seront quatre pour deux places. Le costard attend certainement l'un d'entre eux. "Les adversaires arrivent en face, il ne faut pas l'oublier. Les meilleurs joueront. Si je dois jouer contre la Namibie ou la Géorgie, je le ferai si c'est bon pour le groupe et je le ferai à fond." Mais au fond de lui, c'est contre l'Argentine ou l'Irlande qu'il aimerait prendre cette revanche sur lui-même.
Rugbyrama - Nicolas AUGOT