Manaudou , CH EUR 2007

Après ses trois médailles européennes, deux en or et une en argent, aux Championnats d'Europe en petit bassin de Debrecen, Laure Manaudou revient sur sa saison 2007 mouvementée.

Eblouissante aux Mondiaux de Melbourne avec cinq médailles dont deux titres sur 200 et 400m, étonnante dans son choix de quitter son coach Philippe Lucas pour rejoindre l'Italie, puis de revenir se ressourcer à Ambérieu sous l'aile protectrice de son frère-entraîneur Nicolas et touchante dans sa volonté de s'émanciper, elle a vécu une année chargée d'émotions et de bouleversements. «C'est mon année la plus folle», avoue la championne olympique avant d'ajouter : «Quand on est jeune, on fait tous des erreurs. Il ne faut pas sacrifier sa vie privée pour sa vie sportive.» A 21 ans, elle sait ce qu'elle veut, pourquoi elle le fait et vise clairement les Jeux Olympiques.

«Laure Manaudou, quel regard portez-vous sur votre saison 2007 ?

Il s'est passé beaucoup de choses. Cette année, j'ai vécu beaucoup de changements. Il y a eu beaucoup de choses positives et négatives. L'année se termine assez bien, il y a encore une compétition importante pour le club. Ce ne sont pas encore les vacances, il faut que je reste concentrée. Je suis contente de la fin de la saison.

Quel est votre souvenir le plus marquant cette année ?

Ma petite période en Italie m'a marquée. Et ces Championnats d'Europe ont également compté. Beaucoup de Français démontrent que la natation française va de mieux en mieux. Je pense qu'on peut vraiment faire quelque chose de bien aux Jeux, notamment dans les relais avec le 4x200m et le 4x100m quatre nages. C'est bien.

Melbourne reste comme un grand souvenir ?

C'est un bon moment, mais j'en ai connu d'autres. Il s'est passé beaucoup de choses. C'est difficile d'avoir un meilleur ou un mauvais moment. C'est mon année la plus folle.

Aux Mondiaux, le record du monde du 200 m ne vous a pas spécialement marqué ?

J'y pense mais sans plus. Ce qui s'est passé aujourd'hui (dimanche) et hier est également important. Cela montre que j'ai un entraîneur compétent et capable de me faire nager vite, contrairement à ce que certains ont pu penser. Le record du monde du 200m, c'est important mais il y a aussi le record d'Europe du 100m dos en grand bassin.

Quel est votre plus mauvais souvenir ?

Je ne le dirai pas. Je préfère le garder pour moi.

Que retenez-vous de la période italienne ?

Des choses positives et négatives. Quand on est jeune, on fait tous des erreurs. Il ne faut pas sacrifier sa vie privée pour sa vie sportive. C'est en commettant les erreurs qu'on les répare ensuite.

Est-ce que vous avez l'impression d'avoir grandi cette année ?

J'ai pris conscience qu'il fallait que j'accepte que je faisais tout cela pour moi. Je suis toujours aussi têtue. Quand je n'ai pas envie de faire quelque chose, je ne le fais pas. Quand j'ai vraiment envie, je donne tout ce que j'ai pour réussir.

Cette année, vous avez évoqué que vous aviez songé arrêter la natation. Aujourd'hui, estimez-vous que c'était une erreur ?

Je l'aurais regretté plus tard. J'aurais commis une erreur. En voyant les résultats ici, cela me motive beaucoup pour continuer et travailler davantage à l'entraînement.

«C'est mieux de prendre les choses de cette manière et de ne pas dramatiser»

Depuis votre retour à Ambérieu, on vous sent plus détendue. Qu'est-ce qui a changé ?

Je me dis qu'il y a encore beaucoup de compétitions jusqu'aux Jeux. Je préfère arriver deuxième, troisième ou quatrième ici et être championne olympique que le contraire. Ce sont des passages obligés, mais ce n'est pas la fin du monde d'arriver deuxième d'un Championnat d'Europe en petit bassin. Mon objectif principal, ce sont vraiment les Jeux.

Vous n'avez pas peur de donner confiance à vos adversaires lors d'une année olympique ?

Non. Je sais ce dont je suis capable. Mes adversaires ne le savent pas. Au 400 m, certaines ne savaient pas ce que j'allais faire, elles pensaient peut-être qu'elles pourraient me battre. Je savais que je pouvais nager vite. Le 200m, c'est la meilleure qui a gagné. C'est plus une sprinteuse que moi, il faut que je travaille cela.

Les Jeux vous paraissent-ils loin ?

Loin et en même temps assez proches. Il y a beaucoup de compétitions et des stages prévus. Cela va passer assez vite.

Qu'allez-vous demander au père Noël ?

Je ne sais pas. Je préfère offrir des cadeaux qu'en recevoir.

Quels voeux formulez-vous pour 2008 ?

Il y a déjà les vacances. Rester en famille, bien décompresser sans nager puis reprendre l'entraînement encore plus sérieusement qu'avant. La musculation est très importante. Je l'ai ressentie lors de cette compétition. Je vais donc travailler la musculation et surtout mes points faibles. Je préfère ne rien attendre de 2008. On verra ce qui se passera. Je n'ai pas envie de m'avancer et de me précipiter. Même si j'arrive deuxième en petit bassin, cela ne va pas me "bouffer" la vie. C'est mieux de prendre les choses de cette manière et ne pas dramatiser. Même si cela m'a un petit peu dégoûtée.»


Recueilli par Sophie DORGAN, à Debrecen