La surprise Clermont
Suite et fin de notre série en trois parties sur les enjeux du Top 14. Après la lutte pour le maintien et la course à l'Europe, place aujourd'hui à la bataille pour disputer les phases finales. Si les saisons précédentes, les "trois gros" (Biarritz, Toulouse et le Stade Français) étaient assurés de participer aux demi-finales, cette année, la donne a changé. La raison : le retour au premier plan de Clermont, la constance de Perpignan et les déboires du Stade Toulousain. Mais aux deux tiers du championnat, ils sont encore cinq pour quatre places à se tenir dans un mouchoir de poche. Malheur au cinquième.
Stade Français (1er, 60 points) : Depuis la première journée et la raclée infligée à Montpellier à Jean-Bouin (52-20, 6 essais), le Stade Français occupe la tête du Top 14. Impossible d'y déloger les hommes de Fabien Galthié. Et pour cause, après des victoires à Castres, Narbonne ou Toulouse et face à Clermont ou Bourgoin, le club de la capitale n'est tombé que lors de la 10e journée et un déplacement dans la cuvette de Sapiac. Une défaite 15-09 à Montauban. Paris comptait alors 15 points d'avance sur son premier poursuivant. Ensuite, le bilan est plus mitigé : quatre victoires à domicile, trois défaite à l'extérieur. Normal, le duo Galthié-Landreau était privé des deux tiers de son effectif en raison des tests automnaux. Un parcours qui n'empêche pas le Stade Français de conserver six points d'avance sur son dauphin (Clermont) et douze sur le Biarritz Olympique (5e). Pas de panique, les protégés de Max Guazzini ont une marge de manoeuvre confortable et sauf coup de pompe improbable, le Stade Français sera une nouvelle fois au rendez des demi-finales. Sans oublier que les Parisiens n'auront pas à gérer une nouvelle période sans leurs internationaux puisque le Top 14 fait relâche pendant le Tournoi.
Clermont (2e, 54 pts) : C'est la sensation de ce début de saison. Huitième au terme de la saison dernière, le club auvergnat a enfin trouvé la bonne carburation. Le temps des illusions perdues semble oublié. Et un certain Vern Cotter n'y est pas étranger. Tout juste débarqué de Nouvelle-Zélande et des Canterbury Crusaders, club avec lequel il venait de décrocher un second Super 14 d'affilé en tant qu'entraîneur adjoint, le NZ a imposé sa patte au groupe clermontois. Conséquence, Clermont est devenu une véritable machine à gagner. De nombreux joueurs confirmés ont repris confiance en eux : Mignoni et Emmanuelli sont au top de leur forme. D'autres se sont révélés : Loïc Jacquet en est l'illustration parfaite. Enfin, Cotter a ramené dans ses valises Brock James, à défaut de Cameron McIntyre. Bonne pioche. L'ouvreur australien conduit parfaitement la barque et se révèle être un buteur hors-pair. Il est aujourd'hui meilleur réalisateur du championnat (232 points). Il n'a d'ailleurs manqué aucune rencontre du Top 14 (17 matches, 17 titularisations). En gardant ce rythme de croisière, Clermont a les moyens de renouer avec les phases finales et de retrouver son lustre d'antan. Pour enfin conjurer le sort et toucher du bois ?
Perpignan (3e, 50 pts) : L'Usap suit son tableau de marche. Pourtant, début octobre, le club catalan n'échappe à sa crise annuelle. Après un début de parcours encourageant (5 victoires, 2 défaites), Perpignan perd pied. Les Sang et Or sont surpris à Albi, s'inclinent à domicile face à Montauban, avant de chuter à Biarritz. Trois défaites de rang ponctuées par la démission surprise du président Marcel Dagrenat, lasse des querelles internes. Mais six victoires et une défaite plus tard, et à nouveau avec Marcel Dragenat à sa tête, l'Usap est plus que jamais en bonne position pour s'assurer une place dans le dernier carré. Avec seulement deux points d'avance sur Biarritz et Toulouse, ses poursuivants, la lutte s'annonce serrée. Le moindre faux pas pourrait se payer cash. Le déplacement au Stade Toulousain pour le premier rendez-vous de l'année 2007 fait figure de confrontation capitale.
Stade Toulousain (4e, 48 pts) : Après l'élimination en H-Cup et l'incroyable scénario face à Llanelli, nous pensions que le Stade Toulousain ne s'en remettrait pas. Pas cette fois... Faux. C'est dans l'adversité que le club de la ville Rose a réussi un coup de force. Une victoire à Biarritz pour clôturer une année 2006 difficile, le souvenir de la finale perdue est encore dans les esprits. Un succès à Aguiléra qui permet aux protégés de Guy Novès de réintégrer le quatuor de tête, mais surtout de ne pas se laisser distancer dans la course à la qualification. Néanmoins, l'équilibre reste fragile. Et le parcours du Stade Toulousain est en dents de scie. Première alerte lors de la 6e journée et la défaite face au Stade Français à domicile. Rebelote lors de la 14e journée, mais face à Brive, alors en position de reléguable. Autant dire que le succès en terre basque fait du bien. Les Toulousains devront pourtant cravacher pour arracher, pour la quatorzième année consécutive, leur place en phases finales du championnat. Le Stade doit donc commencer l'année 2007 comme il se doit, c'est-à-dire par une victoire sur Perpignan, avant d'aller défier le Stade Français au Stade de France. Petit avantage pour Fabien Pelous et sa bande : ils n'auront pas à jouer sur deux tableaux puisqu'ils sont éliminés de la Coupe d'Europe.
Biarritz (5e, 48 pts) : Tout allait pour le mieux sur la côte basque. Puis l'année s'est terminée en noeud de boudin. Malgré un début de saison poussif en raison d'un grand nombre de blessés, le BO tenait son rang de champion en titre, même si le jeu pratiqué l'an dernier, et notamment en finale, tardait à se mettre en place. A la vue du carton plein réalisé sur la scène européenne, on ne se faisait guère de soucis. Le revers face au Stade Toulousain à Aguiléra, en guise de clôture de l'année 2006, est venu remettre le trouble dans la maison biarrote. Avec un bilan de dix victoires pour sept défaites, le Biarritz Olympique est pourtant le moins bien lotis des cinq écuries de tête. Merci les bonus (8) ! Si le BO compte défendre son titre jusqu'au bout, un réveil est attendu. Le premier déplacement de l'année à Bourgoin est un test grandeur nature pour évaluer l'orgueil des Biarrots.
S'il ne fait aucun doute que le Stade Français sera au rendez-vous des demi-finales, pour les quatre autres écuries, la bataille fait rage. Bourgoin (6e, 40 pts), peut-il espérer revenir dans la course aux demies ? Si les huit points de retard sur le Stade Toulousain (4e) ne sont pas insurmontables, les prestations des Berjalliens nous laissent plutôt septiques. Il reste neuf journées. Faites vos jeux...