Vendée Globe

Michel Desjoyeaux est toujours en tête du Vendée Globe jeudi soir, après avoir franchi dans la journée la barre symbolique des 1000 milles avant l'arrivée. Le skipper de Foncia a également estimé son arrivée aux Sables d'Olonne à dimanche dans la matinée.

Desjoyeaux devance désormais de 888 milles Roland Jourdain (Veolia Environnement), de plus en plus mal en point après la perte de son bulbe de quille. Cet objet, qui pèse environ trois tonnes, est l'indispensable contrepoids qui permet au bateau de ne pas se retourner lorsque le vent exerce une forte pression sur les voiles. C'est en perdant son bulbe que Jean Le Cam avait fait naufrage début janvier dans le Pacifique.

«Je ne m'explique pas comment je n'ai pas chaviré», a avoué Jourdain, qui se trouvait à 1880 milles des Sables d'Olonne au moment de l'incident. «Quand j'essaie de regarder sous le bateau, je ne vois rien. Normalement, je devrais voir quelque chose mais je ne vais pas plonger non plus dans ces conditions car il y a pas mal de houle quand même». «Quand je mets de la toile, le bateau penche, donc il y a bel et bien un problème sur la quille. Dans les heures qui viennent, il va falloir continuer de jauger la situation (...) Je ferai tout pour aller aux Sables sauf si l'état de la mer ne me le permet pas et me fait prendre des risques pour moi. Il faudrait juste un petit coup de pouce du destin et une météo normale pour que je boucle la boucle», espère le Breton, qui avait du abandonner la course en 2004 pour des problèmes...de quille. Il ne souhaite pas en arriver là cette année mais la navigation sans quille d'un monocoque comme le sien est un exercice bien périlleux.

Derrière lui, Armel Le Cleac'h (Brit'Air) occupe la troisième place et se rapproche de plus en plus puisqu'il n'est plus qu'à 400 milles de Jourdain. - Be. C. (Avec AFP)

Classement de jeudi à 20h00 (Un mille = 1,852 km):
1. Michel Desjoyeaux (FRA/Foncia) à 855,4 milles de l'arrivée
2. Roland Jourdain (FRA/Veolia Environnement) à 888,5 milles du premier
3. Armel Le Cléac'h (FRA/Brit Air) à 1.264,0
4. Samantha Davies (GBR/Roxy) à 2.342,2
5. Marc Guillemot (FRA/Safran) à 2.452,8
6. Brian Thompson (ANG/Bahrein Team Pindar) à 2.583,9
7. Dee Caffari (ANG/Aviva) à 2.719,1
8. Arnaud Boissières (FRA/Akena Verandas) à 3.421,7
9. Steve White (ANG/Toe in the Water) à 4.229,7
10. Rich Wilson (USA/Great America III) à 5.513,9
11. Raphaël Dinelli (FRA/Fondation Océan Vital) à 7.089.6
12. Norbert Sedlacek (AUT/Nauticsport-Kapsach) à 7.165.5
Ndlr : Vincent Riou (FRA/PRB) 3e ex aequo par décision du jury.

Michel Desjoyeaux (Foncia) a franchi en vainqueur la ligne d'arrivée du sixième Vendée Globe, dimanche peu après 16h00, au large des Sables d'Olonne, remportant en 84 jours sa deuxième victoire dans l'épreuve après son succès en 2001. En 84 jours, trois heures, neuf minutes et 8 secondes de mer, le Breton de 43 ans a ainsi battu le record de l'épreuve, établi par Vincent Riou, vainqueur de la précédente édition (2004-2005) en 87 jours, dix heures et 47 minutes.

«Le Professeur» en tête depuis le 16 décembre
Et dire qu'il était parti avec une quarantaine d'heures de retard. Reparti aux Sables d'Olonnes pour réparer une avarie électrique, Michel Desjoyeaux a ensuite mis moins d'un mois pour rejoindre le peloton de tête. C'est le 16 décembre qu'il va ensuite prendre les commandes de la course, pour ne plus la quitter. Ses principaux concurrents, eux, rendaient les armes les uns après les autres dans les différents pièges tendus par les océans. C'est ainsi que la course a vu les départs de Loïck Peyron, Bernard Stamm, Dominique Wavre, Yann Eliès, Jean-Pierre Dick ou Mike Golding.

«Le Professeur», lui, fonce. Il établit ainsi le record de Vendée Globe avec 466,6 milles parcourus en 24 heures, le 16 décembre. Il n'échappe cependant pas aux avaries puisqu'il est tout proche de l'abandon, le 25 décembre, après avoir failli perdre l'un de ses safrans. Ne voulant pas dévoiler ses faiblesses, Desjoyeaux a bien voulu l'avouer...mais un mois plus tard.

Alors qu'il avait passé le Cap Horn avec moins de 100 milles d'avance sur Roland Jourdain, il a opéré une remontée de l'Atlantique supersonique pour ensuite gérer son arrivée tranquillement. «Samedi après-midi, j'en ai bien profité. Comme il n'y avait pas de vent, je me suis occupé de moi, je suis allé chez le coiffeur, chez le barbier, et puis... Ne rien faire, c'est pas mal, hein ?», a ainsi déclaré le navigateur lors de sa dernière vacation.

Michel Desjoyeaux profite de l'instant
«Je pense que je ne dois pas être très loin de la fin de ce Vendée Globe, je ne sais pas ce qui me fait dire ça... J'ai déjà passé commande pour ce soir. Tout ce dont je rêve, c'est du vrai manger, sain et frais, et des fruits que tu peux croquer, plutôt que des boîtes de conserve sans arrêt.», a conclu celui qui était encore solitaire à ce moment-là. Une solitude qu'il va bien vite abandonner puisque sa femme et certains membres de son équipe technique sont d'ores et déjà sur le bateau. Foncia se dirige désormais vers les Sables d'Olonne où l'attendent des feux d'artifices et surtout des milliers de personnes venus accueillir le héros du jour.

C'est un Michel Desjoyeaux heureux qui a ainsi franchi la ligne: «C'est incroyable avec ce rayon de soleil : j'ai beau l'avoir vécu il y a huit ans... Je profite de l'instant : je réfléchirais après». Le skippeur a ensuite tenu a remercié son équipe technique: «J'ai remporté ce Vendée Globe avant le départ, dans les choix, dans l'équipe, dans l'expérience accumulée... C'est plein de choses, et seulement 20% de course où il a fallu mettre du charbon, mais je ne me suis jamais fait mal».

Le Vendée Globe et Roland Jourdain, c'est terminé. Le skipper Véolia a décidé de renoncer à terminer l'épreuve aux abords des Açores, alors qu'il se trouvait en deuxième position à 1000 milles environ de l'arrivée aux Sables d'Olonnes. Jourdain avait perdu sa quille jeudi dernier et réfléchissait à l'issue de son périple. Mais les conditions annoncées pour la suite de son parcours l'ont dissuadé à boucler l'aventure. Il se dirige actuellement vers l'île de Sao Miguel et devrait rejoindre lundi midi le port de Ponta Delgada.

Son leitmotiv de toujours a sûrement pesé son poids dans sa décision d'abandonner: «Un bon marin ramène toujours son bateau au port en sécurité.» Cependant, le sauvetage du matériel n'est pas encore assuré à 100%: «Une fois que la décision est prise, elle est entérinée. J'ai assez joué, ça ne sert à rien et cela ne serait vraiment pas raisonnable. La pilule est dure à avaler mais elle serait encore plus amère si 24h après avoir dépassé un port pour m'arrêter, je chavire et je dois y laisser le bateau.»

Après avoir mené la course plusieurs jours durant et s'être imposé comme le dernier rival de Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain cède donc sa deuxième place à Armel Le Cléac'h (Brit Air). Samantha Davies (Roxy) prend provisoirement place sur le podium, mais elle devra faire les comptes à l'arrivée avec Marc Guillemot, suite aux bonifications accordées par les organisateurs aux deux skippers après qu'ils aient porté assistance à Yann Eliès.

Le classement au pointage de 11h00:
1. Michel Desjoyeaux (FRA/Foncia) arrivé le 1er février
2. Armel Le Cléac'h (FRA/Brit Air) à 1418 milles de l'arrivée
3. Samantha Davies (GBR/Roxy) à 1001,8 milles du deuxième
4. Marc Guillemot (FRA/ Safran) à 1106,6
5. Brian Thompson (GBR/ Bahraïn) à 1395

Armel Le Cléac'h sera le prochain navigateur à se présenter aux Sables-d'Olonne. Le Skipper de Brit Air, à moins de 1000 milles de l'arrivée, devra pour cela composer avec des conditions météorologiques particulièrement éprouvantes. Naviguant à 16 noeuds de moyenne, Armel Le Cléac'h est confronté actuellement à des creux de 8 à 10 mètres.

Le classement mardi à 20h00 :
1. Michel Desjoyeaux (Foncia) arrivé

2. Armel Le Cléac'h (Brit Air) à 962,7 milles de l'arrivée
3. Samantha Davies (Roxy) à 2151,8 milles de l'arrivée
4. Marc Guillemot (Safran) à 2321,3 milles de l'arrivée
5. Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 2519,5 milles de l'arrivée

Le Cléac'h est arrivé

Armel Le Cleac'h (Brit Air) a coupé la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne samedi à 09h41, après moins de 90 jours de mer (89 jours, 20 heures 35 minutes et 45 secondes), et six après Michel Desjoyeaux.

Le plus jeune skipper de la flotte (31 ans), n'est cependant pas encore sûr d'être classé deuxième de l'épreuve. Cela va dépendre de l'arrivée de Marc Guillemot (Safran), prévue en milieu de semaine prochaine, car les deux skippers ont des bonifications. Le Cléac'h était venu en aide à Jean Le Cam (VM Latériaux), début janvier, ce qui lui a valu 11 heures de bonification, tandis que Guillemot était venu soutenir Yann Eliès (Generali), et obtenu 82 heures.

Le classement samedi (1 mille = 1,852 km) :

1. Michel Desjoyeaux (FRA/Foncia) en 84 j, 3 h et 9 min

2. Armel Le Cléac'h (FRA/Brit Air) en 89 jours, 20 heures 35 minutes et 45 secondes

3. Samantha Davies (GBR/Roxy) à 1695,7
4. Marc Guillemot (FRA/Safran) 1836,1
5. Brian Thompson (GBR/Bahrein Team Pindar) 2091,4
6. Dee Caffari (GBR/Aviva) 2205,4
7. Arnaud Boissières (FRA/Akena Verandas) 2718,5
8. Steve White (GBR/Toe in the Water) 3500,5
9. Rich Wilson (USA/Great America III) 4970,3
10. Raphaël Dinelli (FRA/Fondation Océan Vital) 6227,5
11. Norbert Sedlacek (AUT/Nauticsport-Kapsch) 6668,2

Samantha surfe aux Açores

Coup dur pour Marc Guillemot: il vient de subir une avarie de quille, à son tour. C'était sa plus grande crainte, dans le mauvais temps à l'approche de l'arrivée. Il a réussi à bricoler et ne demande pas d'assistance, mais sa situation est précaire, surtout dans ces conditions musclées.

C'est Samantha Davies qui en profite pour recoller à 90 milles de son adversaire. Les deux skippers risquent d'arriver dans une fourchette très étroite aux Sables.
Sam subit les mêmes conditions que Marco, mais elle a profité d'une mer beaucoup plus plate hier. Elle en a profité pour configurer Roxy en mode "surf": 500 kilos de matériel reculés au maximum, et voiles débridées! Bonnes sensations, au passage des Açores. Mais depuis cette nuit, elle doit également faire face à des vagues géante, et plus de 45 noeuds de vent.
Il est temps que cela se termine, Roxy vient de perdre sa girouette en tête de mât...

Le plan de route est moins évident pour leurs poursuivants Brian Thompson et Dee Caffari, qui vont devoir négocier un nouvel anticyclone sur leur route.

Davies dépasse Guillemot

Victime de la perte de sa quille en fin d'après-midi, Marc Guillemot (Safran) a vu logiquement Samantha Davies (Roxy) lui passer devant au cours du dernier pointage. Guillemot quitte donc le podium mais espère encore rallier les Sables-d'Olonne à 934 milles. Un peu plus loin dans la flotte, Dee Caffari a subtilisé la cinquième place à Brian Thompson.

Le classement lundi à 20h00 :

1. Michel Desjoyeaux (Foncia) arrivé
2. Armel Le Cléac'h (Brit Air) arrivé

3. Samantha Davies (Roxy) à 922,4 milles de l'arrivée
4. Marc Guillemot (Safran) à 934,6 milles de l'arrivée
5. Dee Caffari (Aviva) à 1606,7 milles de l'arrivée

Derniers efforts pour Davies

C'est l'un de ses ultimes coups d'oeil sur la ligne d'horizon. Samantha Davies (Roxy) est proche d'en finir avec le Vendée Globe et d'assurer sa 3e place dans l'épreuve : à moins de 200 milles de l'arrivée, la Britannique devrait couper la ligne d'arrivée vendredi en milieu de nuit ou samedi matin, tandis que Marc Guillemot (Safran), contre le vent et sans quille, est à la peine à 240,7 de Davies.

Le classement jeudi à 20h00 :

1. Michel Desjoyeaux (Foncia) arrivé
2. Armel Le Cléac'h (Brit Air) arrivé

3. Samantha Davies (Roxy) à 198,3 milles de l'arrivée
4. Marc Guillemot (Safran) à 240,7 de Davies
5. Brian Thompson (Bahrein Team Pindar) à 402,6 de Davies

Samantha Davies est toujours attendue vendredi en milieu de nuit ou samedi matin sur la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne. Le petit temps qui a régné toute la nuit commence à prendre fin et c’est dans un léger flux de Nord-Ouest que la solitaire devrait couvrir les derniers 150 milles vers la Vendée.

La jeune Britannique a passé une nuit câline au large des côtes bretonnes : elle n’a progressé que de vingt milles en dix heures ! Et ce vendredi matin à 9h00, sa vitesse n’était encore que de quatre nœuds…

Mais la situation devrait se décanter dans les prochaines heures avec l’arrivée d’un régime plus consistant et plus régulier de Nord-Ouest. Une arrivée avant la nuit semble toutefois impossible et c’est plutôt après les douze coups de minuit que Samantha Davies (Roxy) pourrait boucler les 24 840 milles de ce tour du monde. Et paradoxalement, la navigatrice a été la moins rapide de toute la flotte ! Marc Guillemot (Safran) a profité d’une légère brise encore portante pour revenir sur l’Anglaise… Plus de six nœuds de moyenne pendant la nuit lui permettent de n’être plus qu’à 350 milles environ de la ligne d’arrivée et finalement, s’il arrive à gagner vers le Nord-Est après la traversée d’une bulle sans vent, il pourrait aussi toucher le flux qui va propulser Sam ! Ce serait un énorme soulagement pour le solitaire et toute son équipe car il naviguerait bâbord amure sur un même bord, et surtout travers au vent. Il n’aurait donc pas à louvoyer : la possibilité de concéder moins de 50 heures à la Britannique refait donc surface !

Du suspens jusqu’au quai

Reste que l’instabilité de son monocoque ne joue pas en sa faveur : le plus efficace est une brise stable qui permet de porter suffisamment de toile sans prise de risque. De là à contrer le retour des deux autres Britanniques qui le poursuivent, il y a un pas difficile à franchir. Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) peut faire parler la poudre : avec un peu plus de cent milles de retard, le Britannique a désormais de grandes chances de devancer Marc Guillemot sur la ligne d’arrivée, mais pas assez pour le dépasser au classement avec la bonification due à l’intervention auprès de Yann Eliès. Quant à Dee Caffari (Aviva), elle était tout simplement la plus véloce du plan d’eau avec une grand voile qui ne ressemble plus à rien : les photos qu’elle a fait parvenir en disent plus qu’un long discours !

Bonne pioche pour Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) qui peut faire route directe vers le cap Finisterre sans passer par la case Açores : ce raccourcissement lui est ouvert par un front sur le milieu de l’Atlantique et l’Arcachonnais peut de nouveau glisser sur l’eau plutôt que de planter des pieux face à l’alizé. Ce n’est pas encore le cas pour Steve White (Toe in the water) qui n’aura probablement pas la même chance de tourner à droite aussi tôt : derrière le front, la situation météo revient à la normale et le Britannique devra très certainement contourner l’anticyclone des Açores par l’Ouest.

La tête à l’envers

Du côté de l’hémisphère Sud, Rich Wilson (Great American III) voit le début du tunnel s’approcher : pratiquement à la hauteur de Recife (Nord-Est du Brésil), l’Américain profite d’une brise qui tourne progressivement au Sud-Est. Il va pouvoir aborder le Pot au Noir dans trois jours car celui-ci est positionné sur l’équateur. Sera-t-il aussi actif après le week-end que maintenant ? Ne le souhaitons pas au doyen du Vendée Globe qui a encore 3 700 milles à parcourir… Enfin pour Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), ce vendredi a des allures de pause après la tempête qui les a secoués avant-hier et avant un nouveau coup de vent de Nord.

En coupant la ligne d’arrivée ce samedi à 1h41, Samantha Davies s’adjuge la troisième place dans le port des Sables d’Olonne. La Britannique devra patienter encore deux jours et deux heures pour confirmer ou non qu’elle monte aussi sur la troisième marche du podium de ce sixième Vendée Globe, dans l’attente de l’arrivée de Marc Guillemot. Retour sur un parcours sans faute…

95 jours 01 heure 41 minutes 01 seconde : Roxy a coupé la ligne d’arrivée dans la nuit après 27 470 milles parcourus sur l’eau à la moyenne de 12,02 nœuds ! Samantha Davies termine ainsi son premier tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, mais finit surtout première Britannique d’une armada de sept partants le 9 novembre dernier. Elle serait aussi la deuxième femme à monter sur le podium (sous réserve de l’arrivée de Marc Guillemot avant lundi matin) et la troisième Anglaise après Ellen Mac Arthur en 2000-2001 et Mike Golding en 2004-2005. Un résultat exceptionnel pour cette jeune femme de 34 ans qui a préparé avec toute son équipe, un bateau mythique déjà vainqueur des deux dernières éditions, mais qui commençait à accuser le poids de ses neuf années. La clé du succès est sûrement à chercher dans la confiance, l’énergie, l’éternel bonheur d’être en mer et le talent de Samantha Davies qui a été l’une des rares solitaires de ce Vendée Globe à franchir la barre symbolique des 400 milles quotidiens (414 milles en 24 heures)…

Quand prudence rime avec entrain
Dès le coup de canon, la jeune anglaise tient le rythme et jusqu’à l’équateur, oscille au classement entre la dixième et la quinzième place : après le Pot au Noir et au passage vers l’hémisphère Sud, Samantha Davies pointe à la quatorzième place, à 235 milles du premier, Loïck Peyron. La descente dans les alizés de sud-est est plus difficile pour le monocoque qui ne possède pas la même puissance que les bateaux de la dernière génération mais la Britannique a de la ressource malgré un passage de l’anticyclone de Sainte-Hélène qui ne lui est pas du tout favorable : elle perd en quatre jours plus de 300 milles… plantée dans les petits airs quand les premiers déboulent déjà dans les Quarantièmes et que ses poursuivants peuvent couper le fromage avec de la brise ! Mais qu’à cela ne tienne : Roxy glisse ensuite sur la longue houle du Grand Sud et franchit la longitude du cap de Bonne Espérance toujours à la quatorzième place avec 560 milles de décalage par rapport à Jean-Pierre Dick, alors en tête.

Mais au delà des performances, c’est son plaisir de participer à cette aventure et sa capacité à le transmettre qui marque le public et les coureurs : rien ne semble entacher son bonheur d’être en mer, de naviguer en course face à un plateau de coureurs exceptionnels. Là encore, la préparation du monocoque rose est son atout maître car la solitaire ne subit pas d’avarie majeure. Elle rencontre un iceberg avant même d’atteindre l’archipel des Kerguelen ! Une zone qui va commencer à faire un grand ménage dans la flotte… Au point qu’au passage du cap Leeuwin, Samantha Davies est dixième à 1035 milles de Michel Desjoyeaux. Quand Yann Eliès est en difficulté au large de l’Australie, la navigatrice met immédiatement entre parenthèse la course pour cravacher vers le Briochin afin de lui porter assistance aux côtés de Marc Guillemot. Elle arrivera quelques heures seulement après le navire militaire qui embarque Yann Eliès et reprend la course avec le Trinitain dans des conditions météorologiques peu favorables : petit temps, grosse houle.

Seule au monde
Samantha retrouve la solitude totale quand Marc Guillemot fait son pit-stop à l’île d’Auckland. Ce qui n’enlève rien à sa détermination : chaque jour qui passe est l’occasion pour elle de souligner à quel point elle aime ces grands déserts salés où les seuls albatros lui servent de compagnons de route. La remontée vers les portes des glaces du Pacifique est particulièrement musclée avec une succession de dépressions assez actives, au point que plusieurs leaders sont définitivement éliminés… Aux antipodes, la Britannique est déjà remontée à la huitième place ! Mais il y a tout un océan à traverser : après un peu moins de 63 jours de mer, le Cap Horn est passé et Samantha Davies est quatrième au classement. Certes il y a toujours Marc Guillemot dans son sillage qui est virtuellement devant puisqu’elle lui rend 50 heures de bonification. Il reste alors 7 000 milles à parcourir avant les Sables d’Olonne.

Une nouvelle fois, la navigatrice se retrouve sans compagnon de route car Marc Guillemot a mouillé aux Malouines pour réparer une nouvelle fois son rail de grand voile. Sa remontée de l’Atlantique Sud va être un véritable calvaire : alors qu’elle parvient à la latitude de l’Uruguay, une zone orageuse l’englue dans des calmes dont elle ne se sort que très difficilement, permettant à Marco de la contourner par l’Ouest, le long des côtes brésiliennes. Pour la première fois perce une pointe de lassitude. Entre la demoiselle de Port-la-Forêt, son port s’attache en France et le petit temps, il existe comme un contentieux. Le duel entre les deux concurrents est à son apogée, chacun prenant à son tour l’avantage sur l’autre, parfois pour quelques heures. Mais la jeune anglaise réussit à conserver le leadership au passage de l’équateur, toujours quatrième au classement. Elle choisit une route un peu risquée pour aborder l’anticyclone des Açores et les calmes sont de nouveau au rendez-vous quand Marc Guillemot les contourne par l’Ouest : le chassé-croisé continue… Jusqu’à ce que Safran perde sa quille. La troisième place est désormais à portée d’étrave !

Les temps de Samantha Davies
Passage à l’équateur : 13j 01h 51’
Passage à Bonne Espérance : 28j 05h 28’
Passage au cap Leeuwin : 40j 00h 48’
Passage de l’antiméridien : 48j 11h 43’
Passage du cap Horn : 62j 21h 18’
Passage à l’équateur : 81j 02h 28'
Arrivée aux Sables d’Olonne : 95j 01h 41'

Chapeau l'artiste !

UN GRAND BRAVO c est incroyable ce quelle vient de réaliser , c est grand et magique

Guillemot arrivé 4e, classé 3e

Après Michel Desjoyeaux (Foncia), Armel le Cléac'h (Brit Air) et Samantha Davies (Roxy), Marc Guillemot (Safran) est à son tour arrivé aux Sables d'Olonne à 2h21 dans la nuit de dimanche à lundi. Avec le jeu des compensations, il est officiellement classé troisième du Vendée Globe avec un temps de 95 jours, 3 heures, 19 minutes et 36 secondes. Guillemot s'était en effet détourné pour venir en aide à Yann Eliès (Generali). Il a, du coup, bénéficié de 82 heures de bonifications.

« C'est très fort, géant, fabuleux »
Le skipper de Safran a toutefois terminé son tour du monde en solitaire et sans escale avec beaucoup de difficultés. Lors de la remontée de l'Atlantique, il avait perdu la quille de son bateau. Il avait pourtant tenu à terminer le Vendée Globe, auquel il participait pour la première fois. Son seul avantage, par rapport à la perte de cet élément, a été d'entrer dans le chenal des Sables d'Olonne sans attendre la marée haute.

« Il y a eu beaucoup de moments très forts dans cette course, notamment avec le sauvetage de Yann, a confié Marc Guillemot. Là, tout se termine en coupant la ligne. Mais l'arrivée aux Sables-d'Olonne avec toute cette foule, c'est beaucoup d'émotion. C'est très fort. Après 95 jours, j'ai la tête qui déborde. C'est un moment incroyable. Je ne sais pas trop quoi dire. En plus je suis troisième et sur le podium. C'est géant. C'est fabuleux. »

« J'ai fait six jours sans quille, je n'y croyais pas du tout »
Guillemot est également revenu sur son duel avec Samantha Davies : « Le fait qu'elle soit à mes côtés depuis l'Australie, cela m'a motivé. Je pense que pour elle c'est pareil. A chaque fois que l'un passait devant l'autre, ça nous énervait et cela nous motivaient réciproquement. C'est, je pense, ce qui nous a fait aller plus vite tous les deux. Ces dernières heures, j'ai fait beaucoup de navigation parce que j'étais cerné par les deux Anglais qui arrivent derrière (Brian Thompson et Dee Caffari). Je n'avais pas envie qu'ils me passent devant. Je ne pensais pas terminer en naviguant six jours sans quille. Surtout que lorsque je voyais Roland Jourdain faire trois jours sans quille, je me disais : il est formidable ce Bilou. Il n'y a que lui pour faire ça. J'ai fait six jours sans quille, je n'y croyais pas du tout. Je pensais que c'était impossible et je l'ai fait ». (Avec AFP)

Caffari aux Sables d'Olonne

Dee Caffari (Aviva) a terminé son Vendée Globe lundi en début d'après-midi. La Britannique a passé 99 jours en mer et a pris la sixième place du tour du monde en solitaire et sans escale. Comme Marc Guillemot et Brian Thompson, arrivés quelques heures plus tôt, Caffari a connu de nombreux problèmes techniques dans sa traversée du globe. Depuis son passage à la latitude de la Nouvelle-Zélande, à mi-parcours, elle a vu le tissu de sa voile principale se déchirer. Et elle n'a pas été en mesure de réparer complètement les dégâts avant de toucher terre aux Sables d'Olonne. Dee Caffari participait à son premier Vendée Globe. Mais elle avait déjà réalisé un tour du monde à l'envers (contre les vents et les courants dominants), il y a à peine trois ans, en 178 jours.

Le classement du Vendée Globe :
1. Michel Desjoyeaux (Foncia) 84 j 03 h 09 min 08 sec
2. Armel Le Cléac'h (Brit Air) 89 j 09 h 39 min 35 sec (bonification de 11h incluse)
3. Marc Guillemot (Safran) 95 j 03 h 19 min 36 sec (bonification de 82h incluse) et Vincent Riou (PRB) (contraint à l'abandon mais reclassé pour son intervention auprès de Jean Le Cam)
4. Samantha Davies (Roxy) 95 j 04 h 39 min 01 sec (bonification de 32h incluse)
5. Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) 98 j 20 h 29 min 55 sec
6. Dee Caffari (Aviva) 99 j 01 h 10 min 57 sec

Le Français Arnaud Boissières a pris dimanche la septième place du Vendée Globe, bouclant son tour du monde en 105 jours, 2 heures, 33 minutes et 50 secondes. Le skipper d'Akena Vérandas est arrivé à 15h35 aux Sables d'Olonne et ses premiers mots, une fois la ligne passée, ont été pour prendre date pour la prochaine édition : «Je vais me battre dès demain pour me préparer et avoir un bateau un peu plus moderne pour pouvoir faire mieux que 7e».

Boissières était arrivé en fin de nuit devant les Sables, mais a dû attendre la marée pour passer la ligne et entrer dans le chenal. L'ouverture du village du Vendée Globe, qui devait fermer dimanche 22 février, a été prolongée jusqu'au mardi 24 février au soir pour accueillir encore une arrivée, celle du Britannique Steve White (Toe in the water), attendu mardi. Il ne restera alors plus que trois concurrents en course, encore très loin de la ligne : l'Américain Rich Wilson (Great America III), le Français Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et l'Autrichien Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), ces deux derniers à plus de 3000 milles de l'arrivée. (Avec AFP)

Classement dimanche à 15h00 GMT (1 mille = 1,852 km) :
1. Michel Desjoyeaux (FRA/Foncia) en 84j 3h09'08" (moy : 12,30 n)
2. Armel Le Cléac'h (FRA/Brit Air) 89j 9h39'35" (moy : 11,57 n)
3. Marc Guillemot (FRA/Safran) 95j 3h19'36" (temps corrigé, moy : 10,87 n)
4. Samantha Davies (GBR/Roxy) 95j 4h39'01" (temps corrigé, moy : 10,87 n)
5. Brian Thompson(GBR/Bahrein Team Pindar) 98 j 20h29'55" (moy : 10,43 n)
6. Dee Caffari (GBR/Aviva) 99 j 1h10'57" (moy : 10,45 n)
7. Arnaud Boissières (FRA/Akena Verandas) 105 j 2h33'50" (moy : 9,85 n)
8. Steve White (GBR/Toe in the Water) à 533,3 milles de l'arrivée
9. Rich Wilson (USA/Great America III) à 2235
10. Raphaël Dinelli (FRA/Fondation Océan Vital) à 3152
11. Norbert Sedlacek (AUT/Nauticsport-Kapsch) à 3587

Vincent Riou (FRA/PRB) 3e ex aequo par décision du jury

Steve White 8e

Le Britannique Steve White (Toe in the water) est arrivé jeudi en début d'après-midi aux Sables-d'Olonne, prenant la 8e place du Vendée Globe 2008-2009, après un peu plus de 109 jours de navigation.

Il ne reste plus que trois concurrents en course : l'Américain Rich Wilson (Great America III), attendu aux Sables entre le 5 et le 7 mars, le Français Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital), attendu vers le 10 mars, et l'Autrichien Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), qui est à plus de 3000 milles de l'arrivée.

Classement final de la 6e édition du Vendée Globe :

1. Michel Desjoyeaux (FRA/Foncia) en 84 jours 03h09"08"
2. Armel Le Cléac'h (FRA/Brit Air) 89 j 09h39'35"
3. Marc Guillemot (FRA/Safran) 95 j 03h19'36"
.Vincent Riou (FRA/PRB) 3e ex aequo par décision du jury
4. Samantha Davies (GBR/Roxy) 95 j 04h39'01"
5. Brian Thompson(GBR/Bahrein Team Pindar) 98 j 20h29'55"
6. Dee Caffari (GBR/Aviva) 99 j 01h10'57"
7. Arnaud Boissières (FRA/Akena Verandas) 105 j 02h33'50"
8. Steve White (GBR/Toe in the Water) 109 j 00h36'55"
9. Rich Wilson (USA/Great America III) 121 j 00h41'19"
10. Raphaël Dinelli (FRA/Fondation Océan Vital) 125 j 02h32'24"
11. Norbert Sedlacek (AUT/Nauticsport-Kapsch) 126 j 05h31'56"