Un ange est passé… Tony Marsh a décidé de raccrocher à la fin de la saison. C’est une page de l’histoire du club qui se tourne. Ce club qui l’a conduit en équipe de France, ce club qu’il aime tant et à qui il a tant donné. Interview de celui dont il faudra se souvenir comme d’un modèle de professionnalisme, de courage et de gentillesse.
Novembre 1998… Les supporters jaune et bleu découvrent Tony Marsh, tout juste débarqué de sa Nouvelle-Zélande natale. L’histoire d’amour va durer neuf saisons, durant lesquelles Tony va (presque) tout connaître : deux finales du championnat de France (1999 et 2001, malgré une blessure l’ayant empêché de jouer celle de 2001), une victoire en Bouclier Européen (1999) et une en Coupe de la Ligue (2001), un quart de finale de la Coupe d’Europe en 2002.
Après quatre saisons consécutives jouées sous les couleurs du même club, il peut être appelé en équipe de France et joue son premier match en bleu en 2001. Grand Chelem en 2002, demi-finale de la Coupe du Monde en 2003, ses 21 sélections en bleu ont été plutôt bien remplies.
La carrière de Tony aurait pu s’achever plus tôt : le 02 avril 2003, l’ASM annonce dans un communiqué qu’il sera indisponible jusqu’à la fin de la saison, pour raisons de santé personnelles. Un cancer a en effet été décelé et l’ablation d’une tumeur puis une chimiothérapie doivent être pratiquées. A force de courage et de travail, Tony prend le dessus sur la maladie et se retrouve en Australie quelques mois plus tard, titularisé au centre de l’attaque tricolore pour la Coupe du Monde.
Depuis, il s’est engagé aux côtés de l’association ACTE Auvergne qui a pour but d’entourer, et d’apporter toute l’aide nécessaire à des enfants atteints de cancer ou de leucémie.
Le 12 mai 2007 est une date importante puisque Tony foulera pour la dernière fois de sa carrière de joueur la pelouse du Parc des Sports Marcel Michelin, avant espérons-le, de terminer en beauté en juin prochain.
Tony, qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Tony MARSH : D’abord, c’est une décision à laquelle j’ai réfléchi pendant plusieurs mois et, évidemment, elle n’a pas été facile à prendre. Je crois simplement que c’est le moment, j’y suis prêt mentalement. Il y a bien sûr les raisons physiques, mais ce que je ne veux surtout pas c’est venir au stade, à l’entraînement, à reculons. Être pro, cela demande beaucoup de sacrifices, mais c’est aussi savoir dire stop. Je ne veux pas faire l’année de trop dans un sport qui m’a tellement apporté. Le rugby fait partie de ma vie : quinze ans passés en tant que joueur professionnel, ça n’est pas rien. Sans doute les six premiers mois vont être compliqués à gérer parce que ça va me manquer, mais je sais aussi qu’il y a beaucoup de belles choses qui m’attendent.
En as-tu beaucoup parlé avec tes proches ?
T.M. : Oui, d’autant que ces derniers mois, j’ai changé d’avis à plusieurs reprises. Avec les changements instaurés au club, un début de saison réussi et un plaisir retrouvé, j’étais plutôt décidé à continuer. Mais il faut savoir écouter son corps.
Que va-t-il te rester de toutes ces années, et notamment celles passées en France dans un seul club : l’ASM ?
T.M. : Il y a tellement de choses… La première, c’est que je ne pensais pas rester aussi longtemps lorsque je suis arrivé en France. C’était il y a neuf ans… J’ai vécu beaucoup de choses sur le terrain, mais surtout en dehors : en tant qu’homme, j’ai beaucoup changé. Le fait de connaître d’autres gens, d’autres mentalités, d’autres cultures, m’a beaucoup apporté. Je considère que tout arrivé par le club, grâce au club. Je pense là à mes sélections en équipe de France. J’ai eu la chance à l’ASM de côtoyer de bons joueurs, d’avoir été bien accueilli. Il y a eu bien sûr des moments difficiles, mais cela fait partie du sport, et cela reste une expérience très enrichissante. Le club va beaucoup me manquer, le public et les gens d’ici aussi. Neuf ans, ce n’est pas rien, c’est presque un quart de ma vie… L’ASM, c’est mon club et je l’aime.
Est-ce que tu as conscience que tu vas aussi manquer à tout le monde ?
T.M. : Je n’aime pas trop parler de moi… En tout cas, j’ai toujours été honnête, j’ai toujours essayé d’apporter le maximum aux gens. Je n’ai pas changé pendant les neuf ans passés ici. Si je suis aimé, cela fait chaud au cœur. Et tant mieux si j’ai laissé quelque chose de moi ici.
Que vas-tu faire une fois la saison terminée et ta retraite de joueur effective ?
T.M. : Je fais actuellement des études pour devenir prof de fitness. J’irai d’ailleurs cet été en Espagne pour suivre une formation pendant six semaines. Ensuite, je poursuivrai mes études en Nouvelle-Zélande, tout en travaillant à côté. Mais avant de rentrer au pays, j’ai envie de voyager. Je vais désormais en avoir le temps, en France mais aussi ailleurs. Et qui sait, dans deux ou trois ans, je reviendrai peut-être dans le sport, peut-être dans le rugby ou peut-être pas.
Pour terminer, y a-t-il un message que tu souhaites faire passer au public ?
T.M. : C’est un message adressé pas simplement aux supporters et au public, mais à tout le monde du rugby. J’ai eu la chance d’évoluer en tant qu’amateur puis en tant que professionnel et j’ai vu l’évolution du rugby, et pas forcément en bien. Aussi, j’ai envie de dire : ne perdez pas les valeurs premières de notre sport.
Tony Marsh en bref
Né le 12 août 1972 à Rotorua (Nouvelle-Zélande)
Taille : 1,88 m / Poids : 96 Kg
Carrière en clubs : Manurewa, Ardmore, Counties, Auckland Blues, Canterbury Crusaders, ASM Clermont Auvergne (depuis la saison 1998-1999)
Palmarès : vainqueur du Super 12 (1997 avec les Auckland Blues, 1998 avec les Canterbury Crusaders) ; vice champion de France avec l’ASM en 1999 et 2001 ; vainqueur du Bouclier Européen avec l’ASM en 1999 ; vainqueur de la Coupe de la Ligue avec l’ASM en 2001.
Carrière internationale : 21 sélections en équipe de France (3 en 2001, 8 en 2002, 6 en 2003 et 4 en 2004), 7 essais marqués.
Palmarès en équipe de France : vainqueur du Grand Chelem en 2002, demi-finaliste de la Coupe du Monde 2003.