Détendu et souriant, Bernard Laporte est longuement revenu, vendredi, sur les enjeux des matchs de préparation. A la différence de 2003, le sélectionneur n’a pas encore une hiérarchie en tête, notamment au niveau de la charnière.
Bernard Laporte, avez-vous déjà à l’esprit une équipe-type pour le match contre l’Angleterre ?
Non. Il n’y a pas encore d’équipe-type. En 2003, il y en avait une, là non. Si on veut en faire une, il faut répondre à cette question : qui comme demi de mêlée ? Il y a beaucoup de concurrence à certains postes et c’est tant mieux. A côté, il y aussi des joueurs qui se dégagent. Mais, pour ces matchs, tout le monde jouera et on tournera. Mardi, je donnerai la liste des 22 et vendredi, le quinze titulaire. Les joueurs sauront s’ils débutent dès jeudi. Les autres joueurs non concernés feront des grosses séances de lactique.
Quels seront les objectifs de ces matchs ?
On veut donner du rythme au jeu, de l’intensité. Ces matchs sont faits pour ça, c’est plus qu’une simple opposition. S’entraîner n’est pas suffisant car il manque la gestion du stress d’avant match. Mais la rencontre la plus importante, c’est le 7 septembre (Ndlr : contre l’Argentine).
Quid de la défense, sur laquelle vous avez beaucoup insisté ?
Cela veut dire quoi défendre ? Ce n’est pas que plaquer. Il faut s’organiser et être présent. Il faut aussi éviter de concéder trop de pénalité. Il n’y a pas de grande équipe sans la défense. L’Angleterre a été championne du monde en marquant le moins d’essais. Ils se sont certainement appuyés sur la défense, entre autres. En 1999, l’Australie avait une grosse défense comme la Nouvelle-Zélande aujourd’hui.
Les trois matchs amicaux ont-ils la même importance…
Il y a deux matchs à jouer et on verra après. On fera le point sur ceux qui nous semblent être dans l’équipe qui jouera contre l’Argentine. Ceux-là ne joueront pas contre le pays de Galles.
« Zéro titulaire »
Combien avez-vous de titulaires qui se dégagent ?
Zéro. Il y a trente joueurs. J’ai trop de respect pour eux pour dire quoi que ce soit qui puisse leur nuire. De fait, la concurrence est là à la mêlée et en troisième ligne. En 2003, Fabien Galthié était meilleur que les autres : il avait plus d’expérience et était capitaine. Aujourd’hui, qui est le meilleur ? Pierre (Mignoni) ou Jean-Baptiste (Ellisalde) ? Pierre a fait un super Tournoi, c’était il y a quatre mois. Là, il y a deux joueurs de même niveau. Mais c’est à trente que l’on gagnera.
Allez-vous opter pour la charnière Michalak-Mignoni ?
Pas spécialement. Cela veut dire que Michalak bute. Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas une charnière que l’on a envie de voir, même si ce n’est pas exclu. En plus, David Skrela peut très bien glisser au poste de centre pour buter. Sinon, Fred peut très bien buter comme en 2003. S’il bute, c’est une corde de plus à son arc. Donc il s’entraîne.
Michalak peut-il servir de doublure à la mêlée ?
Oui, si on veut mettre cinq avants sur le banc. Au nom de la complémentarité, cela peut être une solution.
« Déplacer le jeu »
N’est-ce pas gênant de ne pas dégager une colonne vertébrale 2-8-9-10-15 ?
Pourquoi ? Même chez les Blacks, les joueurs tournent beaucoup, que ce soit à la mêlée, au talon ou en troisième ligne. Attention, on a une colonne vertébrale. Mais le troisième ligne centre se fiche de savoir quel talonneur joue, Pierre (Mignoni) s’en fiche de savoir s’il joue avec Fred (Michalak), David (Skrela) ou Lionel (Beauxis). Son objectif est de faire des bonnes passes. Le reste, ce sont des légendes. Avoir une colonne vertébrale de titulaires ne fait pas forcément une grande équipe. Ce n’est pas cela le plus important.
Avez-vous une pression de résultat au cours de ces matchs amicaux ?
On joue pour les gagner. Mais ce ne sera pas la même pression que pour le match du 7 septembre, ni pour les Argentins, ni pour nous.
Plus globalement, quel est le style de jeu de l’équipe de France ?
Notre jeu est là depuis longtemps. L’objectif a toujours été de déplacer le jeu et de jouer en fonction des éléments. On n’a pas de troisième ligne à 110 kilos comme dans certaines équipes, mais les nôtres ont d’autres qualités et il faut s’en servir. Notre point fort réside dans une certaine qualité de déplacement, une réelle envie de bien faire et l’enthousiasme à l’entraînement. C’est dynamique, tonique. Cet enthousiasme, j’espère qu’on le gardera malgré la pression du résultat.
Des points faibles ?
Il n’y en a pas (Sourire). Le groupe vit bien. Il est très déterminé et passionné.
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