ITW Jean-Marc Lhermet

Battu pour la troisième fois de la saison, samedi dernier à Castres, Clermont vit un début de championnat difficile. Pas de quoi affoler le manager auvergnat Jean-Marc Lhermet.

Jean-Marc Lhermet, que retenez-vous de la défaite (12-6) le week-end dernier à Castres ?
C’est une déception parce qu’on aurait pu ramener un peu plus qu’un point de bonus défensif. On savait que ce serait un match compliqué dans la mesure où les joueurs avaient peu de temps de jeu ensemble et que ça engendrerait des problèmes de repères et de cohésion collective. C’était un match en dents de scie avec des périodes intéressantes et d’autres où les joueurs ne se retrouvaient plus et étaient perdus sur le terrain. Quand on a des occasions, il ne faut pas les rater.

Comment expliquez-vous votre mauvais départ ?
On savait que le début de saison serait difficile. On a un groupe stable. Ce qui, à la base, est une très bonne chose pour essayer de mettre en place des systèmes de jeu efficaces. Mais le revers de la médaille est que l’on tire sur ce groupe depuis deux saisons de manière assez importante avec une intersaison très courte. Les joueurs ont peu récupéré mentalement et physiquement. On savait que la reprise serait un peu compliquée.

Cela résulte donc d’un manque de préparation ?
Il y a aussi l’adaptation aux règles. Je trouve qu’on a des règles qui ne favorisent pas l’équipe qui attaquent et qui prennent des risques. Or, notre jeu depuis deux saisons est basé sur le mouvement, le rythme et la prise de risques. On a voulu repartir sur les mêmes bases. Ces nouvelles règles et la façon dont elles sont appliquées ne favorisent pas ce jeu-là. C’est peut être aussi des adaptations à trouver à ce niveau-là. On a des blessures à des postes importants. On pense à Scelzo, Cudmore, Rougerie qui sont des joueurs absents sur une durée assez longue. Il y aussi des garçons comme Zirakashvili sur un poste important comme pilier droit. Ça fait beaucoup. On est obligés de faire le dos rond par rapport à tous ces événements.

Etes-vous malgré tout optimiste ?
Oui, je suis confiant pour la suite de la saison dans la mesure où l’essentiel est qu’on ait un groupe sain et performant. Ce groupe était excellent l’année dernière : il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas bon cette année. Il y a une très bonne ambiance dans le groupe et les entraînements sont bons. Il n’y a pas de signes qui montrent que la saison se passe mal. Je crois que c’est conjoncturel.

« Trouver des ressorts de motivation »

N’y a-t-il pas une lassitude chez les joueurs ?
On peut parler de lassitude. C’est dur d’enchainer des matchs toutes les semaines, d’avoir des gros rendez-vous tous les week-ends avec la H Cup et le championnat avec peu de repos. C’est aussi usant mentalement. Il faut un peu plus de temps pour les joueurs pour repartir, se mobiliser, retrouver de nouveaux challenges. La saison va être longue et il faut trouver des ressorts de motivation pour leur permettre de repartir vite. On a déjà eu de gros matchs et il va y en avoir d’autres avec la H Cup qui arrive. Tout le monde va repartir sur le bon pied, je n’en doute pas.

On a beaucoup parlé de la finale perdue en juin dernier. Est-elle encore dans les têtes ?
C’est un discours qui revient très régulièrement dans notre environnement, que ce soit de la part des journalistes ou des supporters. Pour être franc, je ne dis pas que ça ne trottait pas encore dans les têtes lors de la reprise au tout début du mois de juillet. Mais à partir du moment où le championnat est reparti et où on s’est focalisés sur le match qui arrive, on l’a oubliée. Elle est derrière. On regarde la saison. Ce qui nous perturbe le plus, c’est qu’il faut réenclencher la marche avant. Il y a un contexte de fatigue, de lassitude, de blessés, qui fait que c’est un peu plus difficile que les autres années.

Une semaine après le regain de forme contre Toulouse, la défaite à Castres ne va-t-elle pas plonger le groupe dans le doute ?
Castres est un match particulier. On est passés à côté et on sait pourquoi. Le match contre Toulouse nous a rassurés parce que c’est une équipe championne de France qui est l’une des favorites pour le championnat. On bat cette équipe en maîtrisant bien le match. Ça démontre que cette équipe est toujours en vie, elle est performante. Le fait d’avoir perdu quelques matchs à l’extérieur n’a rien de dramatique.

« Il n’y a pas le feu »

Ne souffrez-vous pas d’une concurrence de plus en plus vive dans ce Top 14 ?
Je tenais ce discours en début de saison alors que tout le monde disait que le championnat était joué d’avance et que l’on connaissait les quatre premiers. Jamais le championnat n’a été aussi ouvert. Les équipes qui sont allées loin l’année dernière, comme Toulouse et Clermont, ont eu un temps de préparation moindre. Cela nivelle un peu les valeurs au début. Le fait que des équipes comme Bayonne, Montauban et Brive, même s’il a du mal à enchainer, ont fait de gros recrutement. Leur niveau a augmenté par rapport à la saison dernière. Cette adaptation aux règles fait que cela a plus tendance à niveler les valeurs et à réduire les écarts entre les équipes qui veulent faire du jeu et celles qui en font un peu moins. Tous ces éléments font que tous les matchs sont équilibrés et qu’il n’y a pas de rencontres faciles. Même les équipes qu’on annonçait sacrifiées comme Mont-de-Marsan ou Dax défendent chèrement leur peau. Elles sont présentes. C’est un championnat qui va être très ouvert.

Comment le groupe va-t-il aborder le match contre Biarritz samedi ?
Il faut bien que tout le monde comprenne que la situation comptable est gênante au niveau du classement. Mais en interne, ce n’est pas quelque chose qui nous perturbe plus que ça. Le groupe de joueurs est confiant, le staff aussi. Nous ne sommes pas inquiets. Nous ne sommes pas dans une situation plus difficile qu’à un autre moment parce qu’on a perdu trois matchs à l’extérieur. Il n’y a pas de signal d’alarme ni de situation de crise. On fait le dos rond. On sait aussi qu’on a les armes pour réagir et pour être encore présents cette année. Il n’y pas le feu et on va préparer le match avec un maximum de sérénité et de maîtrise.

Un mot enfin sur la prolongation de Vern Cotter qui été officialisée lundi…
C'était la volonté du club de le garder. Depuis un petit moment, on discute avec lui. Il fait un super travail depuis trois saisons. Les résultats et le jeu proposé parlent pour lui. Il reste parce qu'il sait que le club a l'ambition de jouer au plus haut niveau français et européen. C'est sûr que c'était une condition pour rester. Il a les assurances que c'est le cas aujourd'hui. On nous a fait tout un flan de cette prolongation. Il est bien à Clermont. Il avait envie de rester. Le fait que la décision n'ait pas encore été donnée, ajouté à la conjoncture un peu compliquée, fait que ça a pris des proportions un peu importantes. Il n'y a pas de soucis. Le club est content de le garder.