Crise à l'ASM ?

La situation devient franchement alarmante à Clermont, après la nouvelle défaite concédée par l'ASM, sur sa pelouse, face à Montauban. Les Jaunards joueront très gros la semaine prochaine face au leader, le Stade français.

En sport de haut niveau, la performance, l'excellence, tiennent parfois à une forme d'alchimie. A la fois magique et fragile. Prenez Clermont. Qu'est-ce qui a changé en Auvergne en l'espace de quelques mois? En apparence, quasiment rien. L'effectif, talentueux et riche, n'a quasiment pas bougé. Vern Cotter, l'homme qui a façonné ce groupe pour le porter tout près du firmament, est toujours aux manettes. Pourtant, l'ASM, qui dévastait tout sur son passage la saison dernière, se trouve aujourd'hui plongée dans un doute profond après sa défaite à domicile face à Montauban, samedi. Les points d'interrogations ont succédé aux points d'exclamation.

Les explications avancées en début de championnat (reprise tardive, adaptation aux nouvelles règles) n'ont plus lieu d'être. Le problème se situe ailleurs. Les Clermontois semblent avoir perdu la flamme qui les animait ces deux dernières années. Contre Montauban, ils ont subi leur quatrième défaite en huit matchs en Top 14. La saison passée, il avait fallu attendre la 20e journée pour que les Jaunards concèdent leur quatrième revers. Après avoir longtemps relativisé, et demandé du temps, ils commencent maintenant à tirer la sonnette d'alarme, affichant publiquement leur inquiétude. " Forcément, on commence à se poser des questions", avoue Julien Malzieu.

Cotter: "Il faut se dire la vérité"

Le plus gros souci provient de la répétition des erreurs commises, match après match. Comme si Clermont ne parvenait pas à avancer au fil des rencontres. "Nous avons commis les mêmes erreurs qu'il y a 15 jours contre Sale. La leçon n'a pas été retenue ", peste Cotter en référence au précédent revers à domicile, contre le club anglais, en Coupe d'Europe. Le collectif est grippé, et le mental ne suit plus. "On est frustré, poursuit le technicien néo-zélandais. On ne trouve pas les clés et dès que l'adversaire est devant au score, on est fébrile. Et dès qu'on repasse devant au score, on arrête de jouer." Une vraie quadrature du cercle...

On n'ira pas jusqu'à dire, comme l'a fait Pierre Mignoni à chaud samedi au micro de Rugby +, que Clermont "a été nul ". Incontestablement, la formation auvergnate est toutefois assez loin du niveau de jeu requis pour viser le Bouclier de Brennus. De toute façon, l'ASMCA n'en est pas là. Même si, mathématiquement, il n'y a pas le feu (Clermont pointe à la 6e place, à trois points seulement de Bayonne, actuel 4e), le vice-champion de France va devoir trouver rapidement le moyen de passer la vitesse supérieure. " On dit qu'on paie les musiciens à la fin du bal, mais il est urgent de relever la tête", prévient Elvis Vermeulen.

Dès le week-end prochain, le Stade français, toujours leader, se présente à Marcel-Michelin. Une troisième défaite consécutive devant leur public, qui a manifesté son mécontentement samedi, plongerait pour de bon les Clermontois dans les abymes du doute. "On doit réagir et il faut le faire vite face à Paris, la semaine prochaine, sinon ce sera compliqué cette année en championnat, lance Vern Cotter. Il y a des questions à se poser. Il faut se dire la vérité." Clermont se serait-il menti depuis le début de la saison?

Rugbyrama - Laurent VERGNE

Ceux qui accusaient la presse de jouer les Cassandre sur l'état de Clermont depuis le début de saison doivent aujourd'hui se rendre à l'évidence : à défaut d'être en crise, l'ASM semble en panne. La venue de Paris servira de révélateur.

(...) Avant la réception ô combien importante de Paris samedi (16 h 30, en direct sur Canal +), et qui verra le « Michelin » se remplir à nouveau - ce n'était pas le cas face à Montauban... - l'ASM a incontestablement grillé un joker important. Pourquoi cette équipe, si flamboyante il y a quatre mois, semble-t-elle aussi démunie aujourd'hui ?

Un jeu d'attaque contré. « Leurs lancements sont aujourd'hui décryptés ». Celui qui parle est l'un des principaux artisans du succès montalbanais. Pour lui, « quand tu installes ta défense en miroir sur la largeur, tu sais qui va être un leurre et qui va tenter de franchir ». Un constat déjà tiré par Saint-André et Sale quinze jours plus tôt. (...)

Des nouvelles règles « pénalisantes ». L'ASM n'a plus à disposition les mauls et les pick and go qui faisaient sa force de percussion. En ce sens, les nouvelles règles l'ont desservie. Mais d'autres se sont adaptés, notamment en bonifiant le jeu au pied...

Des centres trop similaires. L'ASM dispose de huit centres dans son effectif, mais combien réellement capables de passer le ballon après contact, de faire jouer les autres ? Le tout physique a ses limites. (...)

Une usure patente. À des postes clés, Clermont manque de réserve de niveau équivalent. Une vieille rengaine, mais qui a son fondement. Au talonnage, en huit, à la charnière, ce sont souvent les mêmes qui sont au feu. (...)

Faire le dos rond en attendant les retours. « Ce ne sera pas la même équipe avec Cudmore et Scelzo ». Dans sa chronique dominicale, Saint-André mettait hier le doigt sur les malheurs annexes de l'ASM. (...) Dans une interview à paraître dans le prochain Sports Auvergne (en kiosque le 3 novembre), Cotter dit la même chose.

Un rendez-vous majeur à négocier. Mais d'ici là, Clermont va devoir faire avec (plutôt sans) et trouver les ressources pour rebondir. Pas simple alors que se profile la venue de Parisiens qui voudront gommer samedi le couac face à Toulouse. (...)

La Montagne .fr

L'ASM cherche un second souffle

Les Clermontois se posent des questions.

La première défaite à domicile de la saison, samedi contre Montauban (25-30), confirme le début de saison poussif de l'ASM, double finaliste du Top 14. La belle machine qui a dominé le précédent exercice manque de jus, de solutions, d'envie même. Le doute est là, et la venue du Stade Français samedi ressemble déjà à un match de la peur.

Soixante-deux. C'est le nombre de points encaissés par Clermont lors de ses deux derniers matches à domicile. Pour deux défaites à Michelin contre Sale en Coupe d'Europe, et contre Montauban en Top 14. La série noire fait désordre, elle confirme surtout l'impression que l'ASM n'est pas dans son assiette. Relégués à la sixième place au classement, avec déjà 10 points de retard sur le Stade Français, les Auvergnats ne sont pour l'instant plus concernés par les phases finales. En Coupe d'Europe ils ont déjà franchement hypothéqué leurs chances de qualifications en quarts de finale après la défaite contre Sale.

Bref quelque chose ne tourne pas rond à Clermont, et personne ne s'en cache. Pierre Mignoni attaque : «On est trop faciles. Et quand ton engagement, tes soutiens, tes choix sont dans l'à peu-près, ça donne des matches dans l'à-peu-près.» Julien Bonnaire enchaîne, après la rencontre contre le MTG : «On a beaucoup trop de déchets, on n'est pas assez efficaces. On perd ce match tout seul.»

Le doute est là
Le résumé de la pensée générale se trouve dans cette phrase lâchée par Julien Malzieu : «Franchement, on commence tous à se poser des questions» Alors que se passe-t-il du côté de la place de Jaude ? Comment une équipe qui écrasait tout sur son passage il y a quelques mois se montre aussi hésitante et peu inspirée, alors que l'effectif est quasiment le même ? La réflexion de Vern Cotter quant à son avenir a certes pu jouer en début de championnat, mais le Néo-zélandais a finalement resigné pour deux ans, et cette stabilité aurait dû rassurer. Il semble en fait surtout que l'équipe n'ait pas digéré la nouvelle défaite en finale contre Toulouse en juin, la neuvième de l'histoire, la deuxième d'affilée.

La tête ne suit pas, donc, et cela se ressent clairement dans l'envie, la motivation, affichées sur le terrain. Ensuite les jambes ne font plus la différence. Le jeu d'attaque est notamment en berne : l'ASM a terminé la saison 2007-2008 avec le meilleur réalisateur du championnat (Brock James) et deux des meilleurs marqueurs d'essais (Nalaga et Rougerie). Le problème, c'est que l'Australien n'est que l'ombre de lui-même depuis plusieurs mois, et le capitaine est out pour plusieurs mois. Quant au Fidjien, il est désormais attendu sur tous les terrains de France, et ne fait plus la différence.

Un pack en question
Autre problème, le pack clermontois n'est plus aussi dominateur, et il ne fournit donc plus les mêmes munitions à sa ligne de trois-quarts. Passons les fautes grossières qui gâchent de précieux ballons, le club souffre en fait peut-être plus que les autres des nouvelles règles, qui ont quasiment fait disparaître les mauls, l'unes des armes maîtresses du club l'an dernier. Quand le club ne trouvait pas de solutions derrière, les pick and go permettaient de continuer à avancer, de conserver le ballon et aussi souvent de marquer (trente essais marqués par des avants l'an dernier, dont 6 chacun pour Ledesma et Zirakashvili, les deux leaders du pack, contre deux seulement en huit journées, par Audebert et Cabello).

Il faut donc réapprendre à jouer avec les nouvelles règles, et chercher les solutions pour retrouver une équipe conquérante. La venue du Stade Français samedi est le meilleur moyen pour remobiliser les troupes rapidement. Bonnaire résume : «Il faut réagir rapidement, nous remettre en question pour repartir du bon pied. Il faut absolument continuer à avancer et regarder devant, la saison est encore longue.» Cotter dresse lui un bilan plus tranché, en guise d'avertissement : «Si on ne réagit pas, ça va devenir compliqué en Championnat.» Le ton est donné, et le choc contre l'autre grand perdant du week-end promet donc beaucoup.

L'Equipe.fr - A. M.