L'ombre d'un doute à Clermont, après deux revers de rang à Marcel-Michelin, dont le dernier concédé face à Montauban (25-30), à l'heure d'aborder samedi la réception du leader parisien. Tombé à la 6e place du classement de Top 14, le club du président René Fontès n'a plus le droit à l'erreur, même si le dirigeant prône une approche sereine et dédramatise la situation.
Président, êtes-vous inquiets après cette deuxième défaite à domicile concédée face aux Montalbanais après la gifle reçue face à Sale il y a quinze jours ?
(ferme) Ecoutez, nous sommes dans une situation qu'encore un certain nombre de clubs nous envieraient. On n'a pas de problèmes de fond particulier à résoudre. Cette défaite n'est ni glorifiée ni appréciée, mais elle ne me paraît pas de nature à inquiéter les médias comme apparemment certaines d'entre eux commencent à le faire.
Pensez-vous que certains se plaisent à faire resurgir des vieux démons au moindre vent contraire ?
C'est en tout cas l'impression que ça me donne. Il faut laisser avancer la caravane et aboyer les chiens.
Pour avoir souffert d'une instabilité chronique, Clermont n'a donc pas l'intention de céder à une quelconque panique ?
On sort, comme j'ai tendance à le répéter, de deux années exceptionnelles auxquelles personne n'était habitué, qui ont permis à un certain nombre d'entre vous (les médias) de parler du renouveau de Clermont. Il est peut-être normal qu'après deux années exceptionnelles, il y ait une période dans laquelle on a peut-être tous éprouvés le besoin de souffler, les joueurs y compris. Je dis bien une période, je ne parle pas d'une saison. C'est pour le moment l'analyse que je fais de la situation et je considère qu'il n'y a pas péril en la demeure mais simplement le besoin de se reconcentrer sur ce qu'il nous reste à faire pour éviter ce qu'on appelle une saison blanche, c'est-à-dire dans laquelle on serait très éloignés des objectifs fixés en début de saison.
"Circulez, il n'y a rien à voir..."
Sixième (à 3 points du quatuor de tête) en Top 14 et 3e de sa poule en H-Cup (à 4 points du Munster): Clermont est tout de même en retard sur ces temps de passage supposés...
A ma connaissance, on n'est pas encore éliminés, on a vu beaucoup de joueurs absents et des blessés de valeur, qui nous ont manqués. En partant de là, on va essayer de faire une analyse des plus lucides. Et puis, il faut peut-être s'interroger, notamment, sur la capacité d'une équipe comme Montauban, qui a su très bien gérer ses derniers matches et qui, peut-être, en surprendra d'autres...
Avez-vous éprouvé le besoin de rencontrer vos joueurs en vue d'une quelconque mise au point ?
Non, en dehors de parler avec eux à l'issue de ce match perdu, je n'ai pas éprouvé le besoin de sonner le rassemblement ou de rameuter les troupes... Si un jour, c'est nécessaire, tout le monde est capable d'effectuer ce genre d'agitation. Mais ça ne fait pas partie de notre stratégie encore aujourd'hui.
La récente prolongation de contrat de Vern Cotter entre tout à fait dans ce souhait de maintenir le cap...
Je ne vais pas vous le dire le contraire (rires). Je ne fais pas partie de ceux qui brûlent aujourd'hui ce qu'ils ont adoré hier. La question ne se pose absolument comme ça. Nous avons prolongé le contrat de Vern Cotter à l'issue d'une mûre réflexion réciproque. Je dirais: « Circulez, il n'y a rien à voir. »
Des ajustements au niveau de l'effectif ont été effectués avec les arrivées de Russel ou Roux. Y a-t-il des regrets par rapport à votre campagne de recrutement durant l'intersaison ?
Il est bien connu qu'une ou deux pistes nous ont filé entre les doigts. En ce sens-là, on peut toujours avoir des regrets. Mais on s'adapte à cette situation et on s'est adapté avec les choix que nous avons faits.
"Toulouse aussi a eu ses périodes de doutes"
Toulouse vient de frapper un grand coup en allant s'imposer au Stade de France, face à Paris. Les champions de France conservent-ils selon vous une longueur d'avance ?
Toulouse a eu aussi ses périodes de doutes au cours des deux ou trois dernières années, ce qui ne les a pas empêchés de revenir, simplement, ils ont une antériorité de plusieurs dizaines d'années. La notre n'est pas de la même nature et pour laquelle la fragilité est un peu plus importante que Toulouse, il faut tenir compte de cela également.
En tant que président d'une des places fortes du rugby français, quel regard portez-vous sur le prochain départ de Serge Blanco de la présidence de la Ligue nationale ?
Il est certain que le vide laissé par son départ sera important, mais il y a la place et peut-être qu'il est temps de « profiter », sans l'avoir souhaité, de ce changement pour véritablement renouveler, voire rajeunir, pourquoi pas, l'encadrement du rugby français et faire en sorte que celui-ci s'adapte à des problèmes importants, dont certains ont quand même été repoussés face à des problèmes d'hommes durant de nombreuses années, et ça ne peut plus durer. Donc je pense qu'il faut absolument que nous ayons, et un comité directeur, et un président de la Ligue qui aient envie de faire évoluer les choses, sinon nous allons au devant de difficultés importantes.
Source Canal+.fr