Après avoir fêté comme il se doit son premier titre de champion de France, Clermont reprend l'entraînement ce lundi. Le directeur sportif Jean-Marc Lhermet s'attend à une saison encore plus difficile.
Jean-Marc Lhermet, l'été a dû être festif à Clermont après votre premier titre de champion de France…
Oui, nous avons fêté l'événement à sa juste valeur. On l'attendait depuis très longtemps. Au bout de quelques jours, les internationaux sont partis et l'élan s'est un peu ralenti. C'était le début de la cassure du groupe entre ceux qui partaient en sélection et ceux qui partaient en vacances.
A titre personnel, comment avez-vous vécu ce titre après l'avoir recherché depuis de nombreuses années ?
C'était une joie énorme, depuis le temps qu'on attendait ça. J'ai vécu deux finales en tant que joueur et quatre en tant que manager. On voulait absolument ce titre et les joueurs ont su faire ce qu'il fallait au terme du parcours le plus difficile de ces dernières années. Nous avons peu à peu réalisé, déjà en touchant le Bouclier lors du tour d'honneur après la finale puis le lendemain lors du partage avec nos supporters Place de Jaude devant une foule énorme. C'est sûr que nous avons eu du mal à se dire, après autant d'années, qu'il est enfin là.
Comme Perpignan l'année dernière, avez-vous établi un calendrier pour que le Bouclier puisse circuler dans toute la région ?
Oui, dès la première semaine nous avons établi un calendrier puisque nous avions énormément de sollicitations. L'objectif numéro 1 est qu'un maximum de personnes puisse voir et toucher le Bouclier. Il se balade dans toute l'Auvergne depuis début juillet. Il a été d'abord exposé plusieurs jours au stade. Une personne a été nommée pour tenir le calendrier à jour. Le Bouclier est demandé quotidiennement et on essaie de faire en sorte de frustrer le moins de monde possible.
Pour le début de la saison prochaine, vous retrouverez l'USAP dès la première journée. Qu'en pensez-vous ?
Ce sera très coton car Perpignan, qui reste sur cette déception en finale, va vouloir marquer les esprits. Ils vont vouloir montrer à leur public qu'il faudra compter sur eux dans ce championnat. Ce petit arrière goût de revanche planera sur Aimé-Giral. Ce sera un premier match très intense, ça nous va bien. On rentrera de plein pied dans ce championnat et tout le monde pourra vraiment se projeter sur cette nouvelle saison qui sera très difficile, peut-être la plus difficile de ces dernières années.
« Lauaki, un coup de poker »
Cette saison sera-t-elle plus difficile avant tout car Clermont sera encore davantage attendu ?
Oui, pour diverses raisons. En tant que champion sortant, c'est sûr que nous serons encore attendus partout. Il faudra assumer notre standing. Le niveau des équipes a aussi encore augmenté après la montée en puissance de formations comme Toulon, le Métro-Racing et Castres qu'on n'attendait peut-être pas aussi vite à ce niveau. A toutes les journées, les enjeux seront présents et les matchs seront de haut niveau. Ce sera encore plus serré.
Contrairement à ces équipes, Clermont a peu été actif sur le marché des transferts avec seulement les arrivées des Néo-Zélandais Lauaki (Chiefs), Paulo (Crusaders)…
Nous prônons la stabilité. Notre groupe fonctionne bien depuis plusieurs saisons. L'idée est de garder cette ossature forte et de la renforcer avec des recrutements ciblés mais aussi la montée en puissance de jeunes du centre de formation. Il ne faut pas oublier que nous avons été champions avec les Espoirs et les Crabos. Il faut le valoriser. Une dizaine d'entre eux vont commencer la saison avec nous. Nous devrons leur donner leur chance quand l'opportunité se présentera.
Comment jugez-vous Lauaki et Paulo ?
Ce sont des recrues intéressantes qui ont tout à prouver. Ti'i Paulo est un jeune talonneur néo-zélandais (27 ans) qui se sent un peu barré en sélection. Il a envie de tenter une aventure en Europe. Vern Cotter le connaît bien et a confiance en lui. Il a beaucoup de potentiel et correspond au style de joueurs que l'on recherche à Clermont. Il vient aussi pour suppléer Mario Ledesma qui n'est malgré tout plus tout jeune et qui ne pourra plus enchaîner les matchs comme il le faisait auparavant. Sione Lauaki, c'est un petit peu un coup de poker. On connaît son potentiel et il a marqué pas mal de fois les esprits lors des matchs internationaux. Il a eu quelques soucis de comportement dernièrement. Il a un peu une image de « bad boy » qui lui colle à la peau en Nouvelle-Zélande, cela le freine et l'empêche de se relancer là-bas. Il a envie de tourner la page.
Cela ne vous inquiète pas ?
Forcément, cela nous a fait beaucoup réfléchir. Mais Vern connaît aussi bien le joueur. Il n'a pas très bien tourné suite à des affaires personnelles qui le concernent. En venant en Europe, il peut complètement se relancer. Il a confiance en lui. Effectivement, il doit changer de comportement. Dans un environnement comme Clermont, il doit amener la pleine mesure de ses moyens. On a confiance en ce joueur, sinon nous ne l'aurions pas pris. Nous sommes à peu près persuadés qu'il changera son comportement. C'est vrai que c'est un peu un risque mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Il peut nous apporter beaucoup.
Rugby365