Lucide, Laurent Emmanuelli estime que Clermont a manqué de maîtrise. Le pilier espère maintenant que l'ASM va perdurer au plus haut niveau.
Quel est votre sentiment sur cette finale qui vous a glissé entre les doigts?
Laurent Emmanuelli: Nous avions le match en main Sur deux trois ballons cafouillés, un en touche, un en mêlée, le match bascule. Nous les avons remis en selle, alors qu'il aurait fallu avoir davantage de maîtrise. C'est dommage, mais sur l'ensemble du match, je pense qu'on a rendu une bonne copie. Nous avons été conquérants devant, et même plus que ça. Mais ça ne suffit pas face à une équipe du Stade Français qui a l'habitude de ces grands rendez-vous, alors que nous manquons encore d'expérience collective à ce niveau. Ca se joue sur des détails.
Inconsciemment, n'avez-vous pas changé d'attitude en seconde période?
L.E. : Sans doute avons-nous eu le tort d'arrêter de jouer. Pourtant, à la mi-temps, nous nous étions dit qu'il fallait retourner chez eux et leur remettre la pression. On a arrêté de le faire à 20 minutes de la fin. C'est un peu le scénario inverse de la demi-finale de Marseille. Nous avons commis la même erreur que Toulouse contre nous.
Le bilan de cette saison reste malgré tout positif?
L.E. : Bien sûr qu'on a fait une bonne saison. Une victoire en Challenge européen, une finale de championnat... Mais après, on peut se gargariser, dire ce qu'on veut, la finalité, c'est d'être champions. Nous sommes arrivés en finale et nous l'avons maîtrisée pendant les deux tiers de la partie. Après, on l'a laissée passer. C'est ce qui est encore plus décevant. Si encore le score avait été sans appel...
La malédiction, vous commencez à y croire?
L.E. : Non, je ne crois pas à tout ça. Je m'en fous. Je ne suis pas de Clermont-Ferrand. Il faut faire fi de l'histoire. Les anciens sont là pour ça pour rappeler tout ça. Nous sommes un groupe assez neuf. Ca ne fait que quatre ans que nous sommes ensemble pour la plupart, avec cette lumière au bout du tunnel.
Clermont reviendra plus fort la saison prochaine?
L.E. : Je pense qu'il va falloir compter avec nous. On va peut-être arrêter de nous prendre pour des nantis, pour des gens qui pètent dans la soie, parce que ce n'est vraiment pas notre mentalité. On est partis de la huitième place l'an dernier pour arriver au Stade de France. Maintenant, on va tout faire pour que Clermont s'inscrive dans la durée et dans une spirale positive et soit présent de manière régulière dans les grands rendez-vous. Si on veut devenir une grande équipe, ça passe par là.
Rugbyrama - Propos recueillis par Laurent Vergne