ITW VERN COTTER

CLERMONT / VERN COTTER :
« Monter d'un cran »

Avant le deuxième match amical de Clermont vendredi contre Sale, Vern Cotter souhaite que son équipe monte en puissance. Car le début de saison, avec cinq déplacements sur les sept premiers matchs, ne sera pas facile pour les champions de France.

Vern Cotter, sentez-vous que Clermont a changé de statut ?
Peut-être. Mais pour nous, il ne faut pas que les choses changent vraiment. Il faut qu'on soit en forme pour le début de championnat. On a très peu de temps. Tout le temps qu'on passe ensemble est important pour la cohésion, pour bien débuter le championnat. Ce sera forcément difficile avec deux déplacements, le premier à Perpignan et le deuxième à Bourgoin. Il faut qu'on travaille en qualité.

Quels enseignements avez-vous tirés du premier match amical contre Bourgoin (victoire 40-20) ?
Pas grand-chose. Le résultat ne compte pas pour grand-chose. Par contre, dans le contenu du match, il y a eu des choses intéressantes. On a été testé. On a subi pendant les 15-20 premières minutes. Ça nous donne un indice sur le fait qu'on n'était peut-être pas prêts pour le combat tout de suite. Ça nous a réveillés un petit peu. Sur le reste, il y avait de très bonnes intentions dans le jeu des deux côtés. On a réussi à marquer quelques essais. Ça donne confiance pour encore élever notre niveau de jeu.

Qu'est-ce que peut apporter un match amical contre une équipe anglaise comme Sale samedi ?
Eventuellement pour la Coupe d'Europe. Mais le plus important dans ce match-là, ce sera de s'adapter aux adversaires. Ils vont avoir une technique différente dans certains secteurs de jeu donc il va falloir s'adapter rapidement. Il faut qu'on soit capable de s'adapter contre n'importe quelle équipe. Ce sera la première chose. Et en même temps, il faudra imposer notre jeu. Il faut monter d'un cran par rapport à la semaine dernière. Surtout dans le combat sachant que le match contre Perpignan sera, je pense, très engagé. Il faut qu'on prenne nos repères.

« Lauaki a déjà fait une bonne impression »

Allez-vous effectuer des changements ?
Ça nous laisse la possibilité de faire jouer les joueurs dans des combinaisons différentes. La troisième ligne ne sera pas la même. Brock James va commencer le match en 10. C'est important que lui aussi prenne des repères dans le jeu. Il faut maximiser l'opportunité de ce match pour bien préparer la suite.

Vous attendez-vous à un mois d'août un peu compliqué en championnat ?
Sur les sept premiers matchs, on en a cinq à l'extérieur. Ça va être difficile. Il faut qu'on démarre ce championnat à fond. Gagner des matchs et prendre des points à chaque sortie. C'est assez simple.

Un mot, Vern, sur les recrues Ti'i Paulo et Sione Lauaki. Que va-t-on découvrir ?
Ti'i Paulo, vous allez voir un joueur dynamique, qui est très fort sur les bases en touche et en mêlée. Il est dynamique autour des regroupements. C'est quelqu'un qui aime bien avoir le ballon en main. C'est un gros défenseur, il aime bien jouer avec son physique. Pour Lauaki, c'est pareil sauf qu'il joue troisième ligne. Malgré le fait qu'il pèse 120kg, il est très adroit avec le ballon. Je pense qu'on ne le verra pas uniquement en pénétration mais aussi dans d'autres phases de jeu. Il saute même en touche. Il a déjà fait une bonne impression ici. Je pense qu'il lui tarde de démarrer le championnat.

La préparation, c'est l'occasion de voir de jeunes joueurs. Etes-vous satisfait de leurs performances ?
On est très satisfait des jeunes. Ils nous ont amené beaucoup d'enthousiasme. C'était important parce qu'on n'a pas eu beaucoup de temps pour préparer ce début de championnat. L'impulsion donnée par ces jeunes sur le terrain a réveillé un petit peu certains anciens. Ça les encourage à revenir un peu plus vite. Parce que ces jeunes montrent qu'ils ont envie de porter ce maillot et de s'exprimer.

Article Rugby365

Vern Cotter : « Je me sens plus léger »

Deux mois après la victoire de Clermont en finale du Top 14, le manager néo-zélandais du club auvergnat souhaite éviter toute « décompression ». Mais il ne cache pas son soulagement.





Après trois défaites consécutives en finale (2007, 2008, 2009), l'ASM Clermont-Auvergne a remporté le 29 mai dernier le premier titre majeur de son histoire centenaire, en battant l'USA Perpignan en finale du championnat de France (19-6). Deux mois après ses larmes émues du Stade de France, le manager néo-zélandais Vern Cotter dit se sentir « un peu plus libre ».
« Sud Ouest ». Comment avez-vous digéré ce titre ?

Vern Cotter. Le soir de la finale et la semaine qui a suivi, on a vécu beaucoup d'émotions. Ce n'est qu'après, petit à petit, qu'on s'est rendu compte de ce qu'on avait réalisé. J'ai essayé de partager ça avec ma famille et mes amis, avec les gens d'Auvergne. Puis j'ai pris quelques vacances dans le Sud, mais très rapidement, j'ai basculé sur la saison suivante.
Avec le recul, avez-vous le sentiment d'avoir pris une revanche sur le passé ?

J'essaie d'analyser les sentiments que j'ai, ceux qu'on a tous eus. Et autant on est fier d'avoir remporté le titre, autant on a envie de rappeler qu'on était dans le vrai alors qu'on était critiqué. Notre mental était bon, notre méthode de travail était bonne. Aujourd'hui, enfin, tout cela est validé par les résultats. Je me sens un peu plus libre, un peu plus léger. C'est fait, maintenant, Clermont a été champion. On peut passer à autre chose.
Il n'y a pas de « Brennus Blues » ?

Il ne faut pas se faire d'illusions : pour ceux qui ont vécu les quatre finales, il y a forcément une forme de décompression, c'est normal. Mais le caractère du groupe s'est forgé depuis quatre ans, il a une force mentale et il sait que rester dans cet état de décompression serait risqué.

Faut-il continuer d'appliquer une stratégie qui a fait ses preuves ou bousculer les choses ?

Si on en est arrivé là où on est aujourd'hui, c'est qu'on a su se poser des questions chaque année. Comment avoir un temps d'avance sur nos adversaires ? Comment faire mieux ? On ne s'est jamais reposé sur nos acquis, notre jeu a toujours évolué trois ou quatre fois au cours de chaque saison. On veut continuer à développer le jeu qu'on a mis en place. Il y a deux recrues, des anciens, des jeunes issus du centre de formation : la concurrence est déjà forte.

L'ancien perpignanais Franck Azéma devient votre adjoint à la place de Jo Schmidt (NDLR : parti au Leinster). Qu'attendez-vous de lui ?

Le discours de Franck est très positif et il nous apporte de la fraîcheur. C'est un homme avec des valeurs, il est crédible et le groupe lui fait déjà confiance. Il ne vient pas révolutionner les grandes lignes de notre travail : il veut d'abord écouter, observer, s'adapter, puis apporter quelque chose sur un ensemble de détails. Il a été notre adversaire, il porte un regard objectif sur ce qu'on a construit.

Que pouvez-vous nous dire de vos deux recrues néo-zélandaises, le talonneur Paulo (Crusaders) et le troisième ligne Lauaki (Chiefs) ?

Ce sont deux joueurs très, très professionnel. Ils amènent de la sérénité. Ti'i Paulo est un super lanceur en touche, un joueur efficace et il est vraiment très fort en mêlée. Quant à Sione Lauaki, il est surtout connu pour ses charges dévastatrices et sa puissance, mais vous verrez qu'il est aussi très adroit, capable de faire des passes, de décaler un coéquipier…

Que pensez-vous de la poule 2 de Coupe d'Europe, dans laquelle l'ASM sera confrontée au Racing, au Leinster et aux Saracens ?

C'est affreux ! Encore une fois… En plus, s'il y a bien un club que je n'avais pas envie de rencontrer quatre fois, c'est bien le Racing ! Déjà, l'année dernière, on l'a rencontré trois fois et la troisième fois (en barrages, 21-17), on a failli perdre… On va les recevoir le 15 ou 16 janvier en Coupe d'Europe, puis le 26 janvier en championnat. C'est difficile de battre deux fois le Racing. Surtout qu'il s'est renforcé…

Pensez-vous que le Racing et Toulon peuvent viser encore plus haut cette saison ?

Il faudra voir comment ils attaquent la H-Cup. Contrairement à des clubs comme Toulouse, Perpignan et nous, ils pourraient baser exclusivement leur saison sur le championnat. S'ils mettent toutes leurs forces dedans sans essayer de jouer sur deux tableaux, ils seront durs à battre. Dans ce cas-là, si la finale, c'est Toulon - Racing, personne ne sera surpris.

Qu'avez-vous pensé de la tournée de juin du XV de France (deux lourdes défaites en Afrique du Sud et en Argentine) ?

Je ne ferai pas de commentaire là-dessus. C'est très difficile en fin de saison de rester mobilisé. Les Français avaient déjà gagné le Tournoi des VI Nations, ils avaient joué chacun beaucoup de matches. Les deux hémisphères, à ce moment-là de la saison, sont dans des logiques différentes.

Pensez-vous que le rugby de l'hémisphère Sud est un modèle pour les nations du Nord ?

Je continue de penser que le Top 14 est le meilleur championnat du monde. Il faut arrêter de tenir ces discours sur le fossé entre l'hémisphère Nord et l'hémisphère Sud. Au moment des tournées, les joueurs ne sont jamais dans les mêmes conditions. Et on a bien vu qu'en Coupe du monde, les nations du Nord vont aussi loin.

Avant la finale du championnat, en mai dernier, on vous avait senti beaucoup plus…

(Il finit la phrase) Plus détendu ? Oui ! Je savais qu'on avait fait tout ce qu'on pouvait faire en termes de préparation. Je savais aussi que je n'allais pas être sur le terrain ! Il ne fallait pas que je stresse trop. Bon, la demi-finale contre Toulon (victoire 29-35 après prolongations), j'en tremblais encore trois jours après… Mais je sentais le groupe animé par une envie de gagner, j'avais confiance.


PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS ESPITALIER

Article Sud Ouest

TOP 14 / CLERMONT :
Un champion en rodage



Privé de ses internationaux et encore en rodage, Clermont a chuté à Perpignan (21-13) sans même prendre le bonus défensif. Le champion pense être prêt d'ici deux à trois semaines.

Le champion est tombé d'entrée. Moins de trois mois après avoir soulevé son premier Bouclier de Brennus, Clermont a chuté (21-13) à Perpignan pour la revanche de la finale du 29 mai dernier. En l'absence des internationaux laissés au repos (ndlr : Bonnaire, Malzieu, Parra, Pierre et Rougerie), les Auvergnats ont livré une prestation en demi-teinte. Notamment en conquête avec des soucis en touche. « C'est un match typiquement de début de saison, constate l'entraîneur Vern Cotter. Perpignan avait une bonne touche défensive qui nous a posé des problèmes. On n'était pas aussi précis qu'on aurait voulu. L'an dernier, c'était pire encore, on avait pris une belle rouste (ndlr : 19-3, 8eme journée). Nous avons perdu nos repères et on s'est parfois précipité. Mais je ne pense pas que nous ayons manqué d'humilité mais d'efficacité, surtout en conquête. »

Malgré tout, Clermont y a cru jusqu'au bout. Quitte à jouer les pénalités à la main plutôt que de les taper. « C'est dommage que pour ce match on n'ait pas été en mesure de décrocher le point de bonus défensif, regrette Cotter. A un moment donné, j'y ai cru.» Capitaine pour l'occasion, Elvis Vermeulen est, lui, amer. Et assume la perte du bonus défensif. « C'est moi qui coûte les trois points nous privant du bonus, dit-il. On a montré de belles choses. Offensivement on n'était pas mal mais on a beaucoup subi et couru après le ballon. On savait très bien comment cela se passe chez les Catalans, on a une grosse mêlée qui arrive et après il faut résister. Sur nos temps forts, on n'a pas réussi à marquer quand il fallait. » Avec un seul mois de préparation, le champion de France en titre est évidemment encore très loin de son meilleur niveau.

Avec le retour des internationaux, Clermont devrait afficher un autre visage. Pour redonner plus de stabilité au paquet d'avants. Cotter : « On sait qu'on a des choses à rectifier pour notre prochaine sortie, mais cela ne sera pas plus facile parce que c'est Bourgoin la semaine prochaine. » Pour le moment, il n'est évidemment pas question de s'inquiéter. Au contraire. Cette défaite à Aimé-Giral confirme que les Jaunard ne sont pas encore rassasiés. « Même si nous sommes déçus, nous n'avons rien lâché et nous avons réussi à accrocher les Catalans, souligne Vermeulen. Nous avons montré un visage intéressant. Devant, nous avons eu du mal à bien lancer nos ballons et nous allons devoir être plus rigoureux dans ce domaine. » Bourgoin pourrait en faire les frais vendredi à Pierre-Rajon. A moins que ça ne soit Brive dans deux semaines pour le premier match à Marcel-Michelin.

Rugby365